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Le grand trek des Annapurnas : circuit + sancturaire,

la promenade de santé qui vire à l'expédition (du 11 au 31 octobre 2014)

20 jours de trekking autour des Annapurnas : 15 jours pour le Tour des Annapurnas  + 5 jours pour le Sanctuaire des Annapurnas.

 

C’est un parc qui est proposé en « accès libre », c’est-à-dire que moyennant un droit d’entrée (TIMS + droit d’entrée = environ 32 €) tout un chacun peut faire ce trekking sans guide ni porteur, c’est l’option qu’on a choisie, question budget et liberté.

On y croise un grand nombre de Français, qui représente la plus grande proportion de trekkeurs avec les Israéliens et les Allemands.

 

Comme la plupart des trekkeurs, on a laissé nos affaires inutiles à notre guest-house à Katmandou et on s’est retrouvé à porter 8-9 kgs pour Marie et 13-14 kgs pour Tom (avec eau).

 

Environ 210 kms marchés avec 140 kms sur le tour des Annapurnas et 70 kms pour l’Annapurna Base Camp (ABC). Départ à 840 m d’altitude pour monter à 5 416 m sur le tour, puis descente à 1 200 m avant de remonter à 4 130 m pour l’ABC. Plus de 14 000 m de dénivelé positif cumulés et plus de 9 000 m de négatif !

 

Alors, nous on a préféré de loin le tour ou « circuit » plutôt que l’ABC : le circuit offre des vues et panoramas beaucoup plus larges quasiment tout au long du chemin, les villages sont de « vrais » villages sur les ¾ du parcours (pas seulement des lodges construites de toute pièce pour accueillir les touristes), il y a beaucoup plus de monuments, temples, monastères ; tandis que sur l’ ABC, les villages sont artificiels depuis Chomrong jusqu’au sommet, le fait de faire un aller-retour est moins motivant qu’une boucle, la vallée est étroite et offre peu de perspectives, à cela s’ajoute que la météo n’a pas été très clémente pour nous sur l’ABC (très nuageux), qu’on était plus fatigué et peut-être un peu « blasé » (oui on sait c’est dur à entendre !). Un dernier point, et pas des moindres, les gens sont beaucoup plus sympas dans la vallée de Manang (sur le tour des A) que dans celle de l’ABC. Pour faire simple, on est beaucoup mieux accueillis chez les bouddhistes (plus nombreux sur le tour) que chez les hindous.

 

Sinon, que ce soit sur le tour ou le sanctuaire, on a eu l'impression de passer notre temps à manger ! ce qui n'est pas forcément désagréable même si le choix s'est souvent limité à patates, riz ou pâtes ! Ce qui était moins sympatique, c'est la dégringolade des températures dès que le soleil se couche, parfois à 15h ! Marie a eu la sensation de vivre au pôle nord pendant 3 semaines ! Surtout qu'aucun lodge n'est chauffé ou alors juste avec le feu de la cuisine ! et comme les portes restent ouvertes tout le temps même par -10°C dehors... Népali Style !

 

Enfin la tempête de neige exceptionnelle de cette année a considérablement modifié la physionomie et les conditions du parcours, et a même entrainé la mort de plusieurs dizaines de personnes dans une cacophonie népalaise ahurissante pour nous européens. Plus de détails dans la suite de notre récit.

 

11 octobre 2014 : Bus de Katmandou à Bhulbhule (840 m d’altitude)

 

Trajet de 8h30 de bus depuis Katmandou, acheté à 1 600 roupies népalaises (12€75), vendu pour 6 à 7h normalement ! On dit « bus »… fin c’est plutôt un bus-4x4 folklo qui ressemble à un char de carnaval, avec musique népalo-indienne à fond, avec toujours une roue dans le ravin, construit à la taille népalaise donc pas de place pour les genoux (Yves-Maël tu serais malheureux ici je te jure !), et bien sûr bourré à craquer (25 places mais on s’est bien retrouvé à 35 + les cartons…). Sur la route, pause de 15 min pour engloutir un Dal Bhat, le plat typique servi à volonté.

 

Alors en plus, Marie continue à avoir des crampes au bide qui la tiraillent… je vous raconte pas le trajet ! 

On arrive tant bien que mal à Bhulbhule, petit village typique au début du tour des Annapurnas. On se choisit un lodge au bord de la rivière : une sorte de chalet à la népalaise, c’est-à-dire non chauffé et ouvert aux 4 vents ! Les chambres ressemblent au grenier de Mémé avec chacun son box en bois. Et douche froide bien sûr !

12 octobre 2014 : de Bhulbhule (840 m) à Jagat (1 300 m) 

 

Première journée de marche de 6h30. Ça n’a pas l’air en regardant les dénivelés mais on a eu beaucoup de montée et descente tout au long de la journée. On commence la journée en compagnie de 2 canadiens très sympas mais qui accusent déjà le coup au bout d’une heure de marche ! , de 2 français partis à  fond la caisse et qu’on ne tardera pas à voir faire demi-tour et d’un allemand qui fera aussi demi-tour plus tard !

 

Marche le long de la rivière bien bleue (ça change des rivières-égouts de Katmandou !), au milieu des rizières, on voit déjà des sommets enneigés…

13 octobre 2014 : de Jagat (1 300 m) à Bagarchapp (2 160 m)

 

7h de marche avec beaucoup de montées-descentes, car comme on aime se faire mal, on a choisi le sentier de trekking et non pas la Jeep road (qui monte plus graduellement) comme la grosse majorité des trekkeurs qui cherchent à atteindre le col le plus rapidement possible. Mais ça en vaut la peine ! Marche dans les gorges, plus de rizières mais quelques petites fermes et lodges typiques.

Amis botanistes, on marche au milieu de versions sauvages d’ageratum, de sauges, d’œillets et de roses d’inde, de chrysanthèmes… et de butun drol (marijuana pour les non bretonnants !).

Aujourd’hui beaucoup de nuages sur tout en fin de journée et la pluie se déclenche vers 16h, juste après notre arrivée à notre lodge.

 

Heureusement on trouve un peu de réconfort auprès du feu de la cuisine et dans les spécialités culinaires népalaises comme par exemple le Snickers Roll (c à d un beignet de snickers ! très diététique !).

 

On négocie encore une fois notre logement pour « free », c’est la coutume ici quand on mange là où on dort (désolé Aurélie, ça ne marche pas sur l’ABC, on a essayé plusieurs fois sans succès !). Mais vous en faites pas, vu le prix de la nourriture qui ne fait qu’augmenter de village en village, ils vivent très bien par rapport à la plupart des népalais. Chose étrange à noter : dans chaque village, le menu est identique d’un lodge à un autre et approuvé par un certain comité mystérieux ! qui prend sa comm au passage !

14 octobre 2014 : de Bagarchapp (2 160 m) à Chame (2 710 m) SOUS LA PLUIE !

 

Il a plu toute la nuit et il pleut toujours au petit matin à grosses gouttes. Qu’est-ce qu’on fait ? Apparemment les prévisions annoncent 2 jours de pluie. On se tâte mais on y va… et au bout de 5 min on est trempé comme des soupes. En fait on n’a pas de pantalon waterproof et même si on a notre veste goretex et bien par capillarité le bas de nos polaires et T-shirt est trempé !

 

C’est le déluge, on est obligé de faire plusieurs fois demi-tour à cause de torrents voire de cascades qui nous barrent la route et nous obligent à emprunter d’autres chemins plus escarpés.

 

Au bout de 2h de marche (temps normal de marche = 1 h !), frigorifiés, on s’arrête à Timang chez un petit vieux qui nous accueille autour d’un brasero.

On se réchauffe un peu et on repart à fond la caisse jusqu’à Chame en 2h au lieu de 3h40. On court guidé par un instinct de survie ! On gratte tout le monde… fin les 3 pécores qui marchent comme des c… sous la pluie, surtout des français d’ailleurs (maso ces français !). Nos pompes font chmuik chmuik !

 

On chope une guest-house à Chame, on a droit à un seau d’eau chaude pour se doucher ! Et là on découvre que nos sacs à dos ont pris l’eau ! Et mieux encore que nos sacs de couchage aussi ! C’est ballot ! On passe l’après-midi et la soirée à sécher ou plutôt boucaner nos fringues auprès du feu de la cuisine avec un papi très sympathique qui nous a aidés pendant des heures. On rencontre également 2 allemands Dirk et Daniel qui nous accompagneront sur quelques jours de marche.

15 octobre 2014 : de Chame (2 710 m) à Dikhur Pokhari (3 060 m)

 

Grand soleil ce matin ! On regrette bien d’avoir marché comme des c… hier ! Surtout que Marie a choppé un bon gros rhume.

 

On ne part qu’à 10h15 après avoir fini de sécher nos fringues au soleil. Petit passage pour se porter chance aux moulins à prières de Chame, puis à sa Stupa.

On rattrape nos 2 compères allemands au bout d’une heure, partis 2h avant nous !

Sur la route...

On fait demi-tour pour revenir dormir à Dikhur Pokhari car juste après le village on croise des Français qui redescendent de Manang et qui nous informent qu’il n’y a plus d’électricité dans la vallée, qu’il y a eu des morts dans des avalanches, que le col est fermé et que dans une centaine de mètres on va croiser une avalanche qui bloque le chemin.

 

On est un peu refroidi par ces nouvelles ! Faut dire que même ici à 3 000 m y’a de la bonne neige et ça gèle dur même en plein après-midi… qu’est-ce que ça va être plus de 2 000 m au-dessus ? Surtout que d’après le propriétaire de la guest-house, la tempête de neige qu’il y a eu la veille ressemble fort à celle d’il y a une dizaine d’années qui a fait plein de morts !!

 

Bonne soirée avec les Allemands malgré tout avec qui pour se réconforter on partage une bonne bière népalaise ! Pour être sûr de se réveiller demain matin on s’enveloppe bien pour la nuit : sous-vêtements mérinos + sac de soie + sac de couchage + 2 couettes épaisses ! Et pour ne pas que les batteries se décahergent, on dort avec nos piles et la batterie de l'appareil photo dans le sac de couchage, plus le filtre à eau pour éviter que le gel ne lui fasse des dégâts!

16 octobre 2014 : de Dikhur Pokhari (3 060 m) à Ghyaru (3 670 m)

 

Nuit glaciale.

Heureusement petit déj revigorant : pain au sarrazin, pain tibétain et tsampa porridge (sorte de bouillie de farine d’orge mixée à la main avec du thé tibétain, lui-même confectionné avec du lait et du beurre de yack, c’est bien salé !).

Première étape de la journée : passer l’avalanche.

Les nouvelles des gens qu’on croise ne sont pas fameuses et vont de pire en pire : on passe de quelques disparus dans le blizzard à 120 personnes prises dans une avalanche ! Un ballet d’hélico commence dans la vallée. Pas très encourageant. Des dizaines voire centaines de personnes commencent à redescendre sans espoir de passer le col de Thorung La avant une semaine au moins…

 

Nous avec tout ça, on décide de continuer mais en prenant notre temps. On rallonge la sauce en passant par des villages pas vraiment fréquentés même s’ils sont sur le chemin de trek principal, vu que tout le monde prend la route des Jeep, plus rapide.

 

Donc aujourd’hui étape jusqu’à Ghyaru, avec une montée de la mort qui tue dans laquelle on croise nos premiers yacks. On est en plein dans la neige, grosso modo on fait de la raquette sans raquette !

Ghyaru c’est un joli petit village pittoresque perché à 3 670 m d’altitude, d’où on a une vue imprenable sur Annapurna II, III et Ganggapurna. Magnifique journée ensoleillée : il doit faire 20-25°C même à cette altitude-là en plein soleil. 

Ça a été notre coup de cœur sur le tour, surtout qu’on était dans une guest-house très locale (juste un vieux danois et nous).

17 octobre 2014 : de Ghyaru (3 670 m) à Munchi (3 467 m)

 

Nuit bien froide pour changer. Pas de signe de mal des montagnes : on nous avait parlé dans un premier temps d’une rétention d’urine (c’est bon pas de souci de ce côté-là !), de maux de crâne ensuite, de respirations courtes et tachycardie… check up ok.

Magnifique soleil au lever à 6h. Tsampa porridge au petit déj : ça cale un homme !

On recommence pour une journée raquette sans raquette bien sûr ! 5h de marche dans la neige glacée puis la boue jusqu’au mollet, bien fatiguant…

On a vu nos premiers chamois ou genre de chamois …

On est quasiment seul sur le parcours, à tel point qu’entre Nawal et Munchi, on est les premiers à marcher dans la neige tombée il y a 3 jours déjà ! Le décor est splendide. On a une vue quasiment continue sur Annapurna III, Glacier Dome, Khangsar Kang et Tilicho Peak.

Le ballet des hélico continue… on nous dit que l’armée a été mobilisée, les rumeurs vont dans tous les sens ! On est inquiet pour nos parents qui doivent se ronger les sangs mais aucun moyen de les prévenir pour l’instant : pas d’électricité  et de couverture réseau depuis la tempête…

A Munchi, on goûte un seabuck thorn juice = jus d’argousier. Et Thomas teste un yack burger plutôt fameux.

18 octobre 2014 : de Munchi (3 467 m) à Manang (3 540 m) et retour à Munchi

 

Aujourd’hui on fait un aller-retour à Manang pour essayer de prendre plus d’infos concernant les possibilités de passage de Thorung La. Sur le chemin, on croise Daniel et Dirk sur le retour : ils renoncent au col (comme beaucoup, c’est l’hémorragie totale tout le monde reflue ou presque faute de temps, de courage ou tout simplement plus raisonnable que des bretons têtus!) et préfèrent se replier sur Pokhara pour se la couler douce : dommage ils étaient bien sympas…

Normalement à Manang, il y a un ACAP office c’est-à-dire un bureau d’information du parc des Annapurnas. Et là on nous raconte tout et son contraire : le chemin serait à peu près sûr jusque Yak Karkha, beaucoup moins sûr mais faisable jusque Thorung Phedi, il y aurait eu des morts dans des avalanches sur Pisang Peak, après le col… Les locaux seraient en train de retracer le chemin sur notre versant et l’armée idem de l’autre côté…. Selon l’ACAP, le col est fermé pour 5 jours (un ministre népalais s’est pointé en hélico à Manang pour annoncer ça, en même temps qu’un ministre israélien qui a demandé à tous les ressortissants de son pays de rentrer !), selon d’autres dans 3 jours ce sera bon… Les locaux nous disent pas de problème les yacks et les chamois à force de va-et-vient créent des chemins dans la neige ! La seule info à peu près fiable qu’on obtient c’est la météo et encore le gars de l’ACAP nous dit que ça n’engage que le site internet qu’il a consulté !! Et pourtant beaucoup disent qu’il y aura une autre tempête dans 2 jours.

 

On arrive aussi tant bien que mal à expédier un mail aux parents Uguen (en une demi-heure !) pour signaler qu’on est vivants (la tempête avait débuté il y a 5 jours déjà !) car on se dit que les nouvelles/rumeurs doivent aller bon train en France. On a même entendu une anecdote : 2 Canadiennes bloquées lors de la tempête au High Camp et redescendues quelques jours plus tard ont découvert qu’elles étaient portées disparues en consultant internet à Manang et qu’elles étaient à la une d’un journal canadien !! Faut dire que le système d’enregistrement est complètement pourri : il y a des pseudo check-points le long du circuit où les gars dorment dans leurs guitounes (voire il n’y a personne). Pour notre part, on ne s’est enregistré qu’à l’entrée du parc (vérification de la TIMS et du droit d’entrée) et à la sortie !! Alors évidemment ils sont infoutus de savoir qui est où, donc infoutus encore à ce jour de savoir combien de personnes ont tenté de franchir la passe le jour de la tempête ! Vive l’efficacité népalaise !

 

Sinon, les portables semblent passer de nouveau, et des commerçants locaux nous confirment que la route est faisable jusque Yak Kharka, mais qu’en revanche la route du lac Tilicho (un des plus hauts lacs du monde) est fermée pour un bout de temps, même les locaux ont été évacués par hélico ! Adieu le Tilicho pour nous, la route est déjà pas mal dangereuse en temps normal donc on ne se voit pas risquer le coup. On hésite pas mal, mais un peu penn coat (bornés pour les non bretonnants) on se dit qu’on va monter doucement vers le col voir ça par nous-mêmes (en faisant plus d’étapes qu’il n’en faut normalement).

 

Histoire de laisser un peu de temps à la neige pour fondre et de voir comment on supporte l’altitude, on choisit de farniente à Manang le restant de la journée (thé et gâteaux, trop dur !) et d’aller jusqu’Ice Lake demain à 4600m avant de reprendre le circuit principal.

19 octobre 2014 : aujourd’hui on se fait le petit frère du Mont Blanc : aller-retour à Ice Lake (4 600 m)

 

Encore une nuit pas terrible ! Il faut dire que comme beaucoup de personnes et même si on ne s’en rend pas compte, l’altitude nous tape sur le système pendant la nuit : c’est-à-dire qu’après 2 ou 3 h de sommeil pour Tom et 4 ou 5h pour Marie s’ensuivent des insomnies, on ne fait que de se réveiller jusqu’au petit matin. Donc même si on passe beaucoup de temps dans nos sacs de couchage, le repos n’est pas très efficace…

Par contre magnifique temps aujourd’hui, peut-être la plus belle journée du circuit : aucun nuage et pas un pet de vent. On part pour 1100 m de grimpette donc petit déj solide : fried noodle pour Tom et porridge aux pommes pour Marie ! Superbe rando (on vous laisse juger par vous-mêmes avec les photos) malgré la neige et la boue, qui font qu’à partir de 4 000m il n’y a plus de chemin. Heureusement, on rattrape un groupe de Biélorusse avec leur propre guide qui sait à peu près où se trouve le lac donc on finit par tomber dessus.

Montée en 3h30. A partir de 4 000m, on avançait quand même comme des pépés, le souffle court, chaque pas comptait ! Mais ça valait franchement le coup !

20 octobre 2014 : de Munchi (3 467 m) à Gunsang (3 950 m)

 

Ce matin au départ notre propriétaire nous remet une Khata, une écharpe de félicité bouddhiste pour nous souhaiter bonne chance pour la passe (en fait tous les gens qui s’arrêtent chez eux ont droit à ça, n’allez pas croire qu’on était ses favoris…). On passe à Manang pour choper des infos : on nage toujous dans le grand n’importe quoi, maintenant il n’est plus question d’avalanches mais de gens perdus dans le blizzard, le col n’est pas fermé mais l’armée empêcherait le passage le temps de rechercher les corps disparus…

 

Bon nous on maintient notre plan et on monte vers la passe. Direction Gunsang (2h30 de marche ça devrait aller), on est très très peu à monter, ça se compte sur les doigts d’une main. Ca a un petit côté sympa, « tous » les trekkeurs présents se connaissent et échangent leurs infos respectives. On traverse les derniers vrais villages (Tengi sur la photo), ensuite ce ne seront plus que des dortoirs pour les touristes que nous sommes.

A Gunsang, on s’arrête à midi et demi. L’eau est chauffée à l’énergie solaire et le feu est en grande partie entretenu avec de la bouse de yack, le bois se fait rare…

On profite du beau temps jusque 16h30 (jusqu’au coucher de soleil en fait) et de la vue magnifique.

21 octobre 2014 : de Gunsang (3 950 m) à Thorung Phedi (4 450 m)

 

Ce matin au réveil, mauvaise surprise : pas mal de nuages… Qu’est-ce qu’on fait ? Normalement les prévisions météo étaient bonnes jusqu’au 23. Apparemment à Leddar il y a un ACAP office donc on décide d’y aller. 2h de marche dans la neige et la boue gelées. Pas d’ACAP office finalement, d’après certains locaux le gars est redescendu dans la vallée pour le festival des lumières (une grosse fête au Népal) : normal, ce n’est pas comme s’il venait juste d’y avoir un paquet de morts !! Vive la conscience professionnelle. Pas d’info pseudo officielle pour nous, mais lors de notre traditionnelle pause thé, les proprios nous disent don’t worry be happy, car hier des locaux ont franchi Thorung La et mêmes des touristes (plus tard on apprendra que seul un Chinois et une poignée de Népalais sont passés). Selon eux, la route est sûre jusqu’au col, mais juste au moment où on repart (le temps étant maintenant dégagé) ils nous disent de regarder quand même fréquemment vers le haut pour s’assurer qu’il n’y a ni avalanche ni chute de pierres ! Et effectivement sur la route entre Leddar et Thorung Phedi, on n’a jamais eu aussi peur de notre vie ! On a traversé 4 ou 5 avalanches en 1h30 de marche, le chemin retracé ne correspond pas au vrai chemin et est donc plus scabreux : on s’enfonce à mi-cuisse dans la neige par endroits et on passe par des éboulis, Marie évite de justesse une pierre de quelques kgs qui aurait pu la pousser vers le ravin… Vachement sûr le chemin ! C’est la dernière fois qu’on fait confiance à des locaux.

 

On arrive finalement à Phedi après 4h30 de marche depuis Gunsang, légèrement tendus. Marie souffre du talon d’Achille gauche, tout dur et enflé, elle craint la rupture. On est à plus de 4 000 m, les efforts coûtent donc pour toutes ces raisons on décide de rester ici pour la nuit, et demain on ira seulement jusque High Camp à 4 950 m (1h de marche) pour raccourcir l’étape où on franchit le col. En plus ce ne sera pas plus mal car pour éviter le mal d’altitude il est recommandé de ne pas monter de plus de 500 m par jour arrivés à ce point-là.

 

A Thorung Phedi, il n’y a que 2 gros lodges, très occidentalisés, mais on n’est que 12 personnes en tout, Marie étant la seule fille ! On suppose qu’il ne reste plus que les acharnés… Seul réconfort, on retrouve l’électricité ici, qu’on n’avait pas vu depuis le 13 (sauf à Manang où ils ont des générateurs mais comme on n’y a pas logé…).

22 octobre 2014 : une nuit au-dessus du Mont Blanc, de Thorung Phedi (4 450 m) à High Camp (4 950 m)

 

La montée la plus raide du parcours, 500 m de dénivelé en 1h ! Déjà qu’en temps normal c’est pas de la tarte, mais là c’est vraiment du costaud ! Au lieu de retrouver les lacets, les locaux ont refait la trace en réalisant un beau tout droit en pleine pente ! Quand c’est de la neige, ça dérape, et là où il n’y a pas de neige on est dans la pierraille qui dévale sous les pieds et c’est presque pire. A cette altitude, ce ne sont pourtant pas les jambes qui flanchent, on est obligés de se stopper régulièrement pour récupérer notre souffle : mais où est passé l’air ???

On arrive à High Camp à 9h, on a toute la journée à tuer. On apprend qu’aujourd’hui, 18 personnes ont tenté la passe, hier 10 ou 11. Heureusement dans le dinnig hall il fait assez bon tant qu’il y a du soleil. Le hic, c’est qu’il n’y a ensuite aucun feu, aucun chauffage. Donc on mange à 17h et ensuite direct au pieu !

23 octobre 2014 : le Grand Jour, de Thorung Phedi (4 450 m) à Jomson (2 720 m) en passant par Thorung La (5 416 m)

 

Nuit glaciale. Lever à 4h30. Gros petit déj et départ à 5h45 quand le jour pointe, pour 3h30 de montée normalement.

On démarre avec une trentaine de personnes, dont un groupe d’une dizaine de Français. Ils avancent tellement peu vite qu’on les double à la première occasion tant on a besoin de se réchauffer, et on se retrouve finalement en tête de peloton. La situation est peu enviable car il vente tellement pendant la nuit que le chemin est recouvert de poudreuse, on ne voit plus où aller et on s’enfonce dans 50 cm voire 1 m de neige par endroits. Equipés avec juste nos pompes de rando et un pantalon non étanche, on voit déjà le scénario catastrophe se profiler à finir trempés comme des soupes ! Finalement ce ne sera pas le cas…

Et heureusement, on est vite rejoints par un petit Népalais dont le travail consiste à tenir la tea house de la passe à 5 416 m ! Il passe devant et nous montre le chemin. Au bout d’environ une heure de marche, il nous annonce qu’il va tracer devant nous, qu’il lui reste une heure et 2h30 pour nous ! Et il se met à cavaler comme une chèvre, le chemin paraît interminable, quand on arrive au sommet d’une bosse il s’en profile 2 ou 3 autres, et il caille à mort : l’eau a gelé dans le camel back.

A 10 min du sommet, Marie ne voyant pas la fin et avec son tendon douloureux craque. Désolé mais Thomas n’a pas pu résister à prendre une photo (enfin pas en pleine crise quand même), ça donne à peu près ça une Marie qui craque :

C’était ballot car l’arrivée était juste après cette dernière bosse ! 

On arrive en fait à 8h après 2h15 de montée, on est les premiers, enfin les premiers touristes car le Népalais nous a mis 30 minutes dans la vue, ce qui lui a laissé le temps de bouillir de l’eau pour nous préparer un bon thé !

Pas de mal d’altitude pour nous (en même temps ça fait une semaine qu’on dort à plus de 3 500 m !) On reste une heure à prendre des photos, boire des thés et attendre une ou 2 personnes avec qui on a démarré mais qui n’arrivent toujours pas. Du coup comme on commence à sérieusement se refroidir on entame la descente vers Muktinath à 3 760 m.

La descente s’avère très glauque, on découvre enfin la vérité : de ce côté-là du col il n’y a pas eu d’avalanches. En fait le matin de la tempête au High Camp, alors qu’il n’y avait encore que 20 cm de neige, des gens ont démarré sous les conseils « avisés » de leurs guides népalais leur disant qu’à cette époque il n’était pas possible qu’il neige plus de 40 cm (il en tombera près de 2 m en haut de la passe !).

Beaucoup d’entre eux se sont perdus dans le blizzard et sont morts d’hypothermie : certains ont atteint la tea house du sommet et y ont trouvé refuge, mais n’ayant pas de place pour tout le monde, le petit Népalais que vous avez vu sur la photo a proposé de former un groupe et de les guider jusque Muktinath, que certains atteindront mais pas tous… Glauque car beaucoup d’affaires des personnes décédées étaient encore éparpillées partout : vêtements, chaussures, sacs, pharmacie, journaux de bord… Les secours n’ont évacué que les corps ! Et encore ! Car on a croisé un Autrichien qui a franchi Thorung La le 21 (2 jours avant nous), qui a découvert un cadavre et l’a signalé au groupe de recherche composé de tenez-vous bien : 3 personnes ! Alors que la zone est immense. Et comme ils ne savent pas combien de personnes ont tenté de franchir le col ce jour fatidique, ils attendent maintenant la fonte, incroyable !

Après 4h de descente, on arrive à Muktinath vers 13h. Le paysage a bien changé : ici il n’a presque pas neigé et tout a donc fondu, c’est très aride.

On est très déçu de Muktinath tant cela diffère avec l’autre vallée : finis les villages authentiques, ici c’est buildings et compagnie. On se dirige à l’ACAP office pour se renseigner sur les jeeps et bus car Marie a tellement mal au tendon qu’on fera la descente jusque Tatopani par la route. On hallucine encore une fois car le gars de l’ACAP en apprenant qu’on venait de franchir le col nous demande des infos car il n’en a pas, et beaucoup de journalistes lui posent un tas de questions auxquelles il ne peut répondre ou alors mal, à la népalaise ! Affolant !

On prend un bus en fin d’après-midi pour Jomson. Nous qui appréhendions la passe, c’était que dalle en comparaison de cette heure de bus de fou, blindé à craquer, à flanc de montagne sur des pistes rocailleuses en lacets avec un chauffeur qui se prend pour Fangio. Musique népalo-indienne à fond comme il se doit dans tout bon bus qui se respecte ici.

On apprécie doublement le fait d’être vivants le soir !

24 octobre 2014 : de Jomson (2 720 m) à Tatopani (1 200 m), en bus

 

Petite appréhension pour prendre le bus vu la conduite d’hier, mais normalement on ne perd aujourd’hui que 1 500 m en 5h alors que hier c’était 1 000 m en une seule ! On ne résiste pas à l’envie de vous faire profiter de la gare routière de Jomson !

Le bus ici, c’est presque plus éprouvant que la marche tant il faut bétonner des cuisses, autant pour tenir sur son siège que pour repousser les Népalais qui se laissent vivre et qui pour un peu s’étaleraient sur nos genoux ! On traverse quelques flaques sur la route, mais sans comparaison avec ce qui coulait dans l’autre vallée le jour de la tempête.

On ne regrette absolument pas notre choix car la vallée ici est nettement moins belle : beaucoup plus large, aride et des villages pas top ! En plus, ça permet au pied de Marie de se reposer et ça nous laisse un peu plus de temps pour faire l’ABC, encore qu’on se tâte à y aller vu l’état du-dit talon !

On arrive finalement à Tatopani en début d’après-midi. On n’ira aux sources d’eaux chaudes que demain (petit instant culturel, tato signifie eau en népalais et pani chaud) car la vallée est si étroite ici que le soleil n’irradie déjà plus les sources vers 15 h. On se déniche un petit boui boui pas cher pour manger car ce coup-ci on a pris une chambre un peu plus confortable, donc on s’est permis de déroger à la règle où l’on est censé manger là où on dort !

25 octobre 2014 : journée off à Tatopani

 

On profite de cette journée pour faire de la lessive (ça commençait à désirer même si on en a fait un peu tout du long de cette quinzaine !). D’ailleurs la lessive à la main ça commence à nous gonfler sérieusement, on y passe un temps monstre pour un résultat pas toujours formidable !

Et puis on passe 4 h aux sources d’eau chaude. L’eau est à 42°C, Marie ne peut même pas s’immerger !

26 octobre 2014 : de Tatopani (1 200 m) à Ghorepani (2 860 m)

 

Gros orage cette nuit, il a neigé vers les 3 000 m. On hésite à continuer sur l’ABC car Marie a encore bien mal au tendon (depuis 15 jours maintenant), est-ce bien raisonnable ?

On décide de marcher jusque Ghorepani même si la journée s’annonce bien chargée -1 700 m de dénivelé environ, et de là on verra bien : soit on bifurque vers le sanctuaire, soit on poursuit vers Pokhara qui ne sera plus qu’à une journée de marche. 

Sur la route, il se met à flotter : on marche de refuge en refuge dans un premier temps, et on finit par s’arrêter pour déjeuner dans un taudis pour changer ! Le proprio est hyper accueillant, nous prépare un brasero direct et nous fait goûter un plat qui n’est pas sur sa carte mais réservé au porteur : ça ressemble à un dal bhat mais le riz est remplacé par du « dero » (là c’est de la phonétique !), un genre de polenta, le curry est fait avec des patates et un légume népalais, le « colela » (encore de la phonétique !), il y a un dal (soupe de lentilles) et cerise sur le gâteau du sukuti (viande séchée revenue avec de l’ail, des tomates et du piment). Délicieux !

Le village de Ghorepani n’a rien de sensationnel si ce n’est une boulangerie, la possibilité d’envoyer des mails pour dire qu’on est vivants et chose très importante pour nous, on y trouve un terrain de basket pour pouvoir enfin remplir le défi Folklo’s de Marie !!

 27 octobre 2014 : 1er jour de l’ABC, de Ghorepani (2 860 m) à Chomrong (2 170 m)

 

Comme le pied de Marie a tenu le coup hier, on  se motive pour monter à l’ABC.

 

Réveil un peu avant 5 h pour aller voir le lever du soleil depuis Poon Hill (3 200 m). Très jolie vue malgré les nuages sur la chaîne des Annapurnas : on voit surtout Annapurna I, Annapurna Sud et le Machhapuchhre (ou Fish Tail pour ceux qui préféreraient ;)) et sur la chaîne des Dhaulagiri dont le mont principal culmine à 8 160 m. Par contre c’est surpeuplé car de nombreux treks courts de quelques jours partent de Pokhara et Poon Hill constitue leur point d’orgue.

On redescend assez vite pour prendre notre petit déjeuner car la journée sera longue : 7h30 de marche avec un peu moins de 2 000 m de dénivelé négatif et 1 250 de positif ! Dure journée pour le tendon de Marie qui finit tout enflé et dur ! Heureusement elle trouve un peu de réconfort le soir venu dans les pâtisseries de Chomrong ! Au cours de la journée, on se balade dans des forêts de rhododendrons gros comme des chênes ! Dommage que ce soit l’automne, au printemps ce doit être magnifique !

28 octobre 2014 : de Chomrong (2 170 m) à Himalaya (2 920 m)

 

Au matin, temps bien dégagé offrant une belle vue sur Annapurna Sud et le Machhapuchhre (ici en photo, vous l'aurez reconnu si vous avez attentifs avant!)

Une journée pas très longue (4h15 de marche au lieu des 7 annoncées) mais maintenant on comprend ce que veulent dire les gens quand ils parlent des escaliers de Chomrong : un vrai casse-pattes ! Chomrong est un gros village où l’agriculture est assez présente, on peut voir des tas de bois et des meules un peu partout, des buffles traversent les routes, fin c’est assez folklo. Ensuite, la vallée devient très encaissée et offrira peu de perspectives jusque l’ABC. Heureusement comme on est acclimaté à l’altitude on n’est pas obligé de respecter des paliers et on peut y monter sans trop se poser des questions.

29 octobre 2014 : de Himalaya (2 920 m) à ABC (4 130 m)

 

Hier on a partagé la chambre avec un Lituanien super sympa qui s’appelle Gintas. On l’avait déjà rencontré à Thorung Phedi et à Tatopani. Il a fait tout le circuit à pied entre autres avec un Américain nommé Levi, qui est monté hier un peu plus haut qu'Himalaya. On décide ensemble de monter à ABC et de redescendre ensuite si le temps est dégagé là-haut. Malheureusement même si on arrive tôt vers les 11h (1 200 m de dénivelé en 3h au lieu de 6h, on sent qu’on a de l’entraînement !), le temps est complètement bouché donc on décide de passer la nuit ici pour profiter de la vue demain matin. On passe l’après-midi à jouer aux cartes avec Gintas, et on sort de temps à autres quand les nuages nous laissent entr’apercevoir les sommets.

30 octobre 2014 : de ABC (4 130 m) à Jhinu Danda (1 780 m)

 

On se lève vers 6h pour admirer le lever de soleil au sein du sanctuaire : pas un nuage à l’horizon, comme tous les jours entre 5 h du matin et 7h environ, ensuite ça se gâte…

On démarre ensuite avec dans l’idée de finir à Jhinu Danda où on pourra se relaxer dans les sources d’eaux chaudes, mais avant il y a 3 000 m de dénivelé négatif et 600 de positif à se goinfrer, dont les escaliers de Chomrong !! Aïe aïe aïe ! Marie finit avec le tendon et les genoux en compote, Thomas et Gintas ne sont pas très fiers non plus et on est tous content d’aller faire trempette près du torrent dans une eau à 37-38°C environ : impeccable, un bonheur dans un cadre magnifique qu’on ne peut pas vous faire partager car la fatigue nous a fait oublier notre appareil photo !! On en a profité pour se laver à fond, ça faisait bien 4-5 jours qu’aucun d’entre nous 3 n’avait fait un nettoyage de printemps !! Sur la route, on fait quelques rencontres auxquelles nous sommes maintenant habitués.

31 octobre 2014 : the last day, de Jhinu Danda (1 780 m) à Pokhara (820 m)

 

Petite journée de même pas 3h de marche car on prend le bus dès que possible pour raccourcir la descente. Puis 2h45 de bus dont 1h30 de piste. On arrive à Pokhara en début d’après-midi. On se déniche une guest house dans nos prix (900 roupies soit 7€50) et le soir venu, on profite d’un happy hour avec Gintas. Après un repas de roi (ça fait du bien après 3 semaines de riz/pâtes/patates), on va vider un godet au bar branché de Pokhara, le Busy Bee, où on retrouve quelques trekkeurs rencontrés sur le tour.

Bilan du trek

 

 

3 belles semaines dans des paysages magnifiques, où on  aura pu apprécier le courage de Marie, en carafe dès le premier jour avec son tendon et à peine remise des quelques temps passés en compagnie de ses amibes !

 

Plus sérieusement, c’est vraiment magnifique – surtout le tour des Annapurnas, mais les évènements de cette année sont venus évidemment alourdir l’ambiance et nous font dire qu’il ne faut faire confiance quasiment qu’à soi-même, et ternissent pas mal l’image du « pays du trek »…

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