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Le parc de Sajama : ... pour faire tomber la barre des 6 000…

mais « dans quel état j’erre » ! (du 27 juin au 2 juillet 2015) 

 

 

Le 27, direction le parc de Sajama. A 9h, du terminal central de La Paz, on prend un bus (25 Bs / 3€30 par personne) pour Oruro. A mi-chemin, on descend à Patacamaya. On fait quelques courses de fruits car on a entendu dire que dans le parc y’avait pas grand-chose à vendre en terme de verdure… A midi on grimpe dans le seul minibus quotidien qui fait Patacamaya – Sajama (25 Bs / 3€30par personne) qui est bien sûr surbondé comme d’habitude… et c’est parti pour 3h30 de trajet recroquevillés sur des sièges de mini pouces !

 

Au fait dans le bus, on trouve l’illustration parfaite du paradoxe des Boliviens entre le poids de la religion et leur sang chaud !

On arrive au village de Sajama à 16h. On doit s’inscrire au bureau d’enregistrement pour l’accès au parc (40 Bs / 5€30 par personne). Alors c’est quoi le parc Sajama ? Eh bien c'est un coin paumé avec un village paumé à 4 250 m d’altitude où y’a quasiment rien ! Pas un chat dans les rues, une poussière de Far-West, quelques petites boutiques qui ouvrent quand elles veulent bien et où on ne trouve que des gâteaux, des bonbons et des boîtes de sardines…

… Où les seuls touristes que vous croisez sont quasiment tous français ! Ben oui parce que venir se peler les miches en permanence, dormir dans des chambres non chauffées alors qu’il fait -15°C la nuit, avoir une douche électrique qui pisse un tout petit filet d’eau chaude, manger tous les jours pâtes-patates-riz avec un peu d’alpaga bien sécos , trekker, trekker et encore trekker dans la poussière et avec un soleil qui crame la peau… il n’y a que les Français avec leur côté un peu maso pour apprécier cela !

 

Mais le parc de Sajama, c’est aussi et avant tout des couchers de soleil magnifiques…

…un ciel pur pour regarder les étoiles et la lune…

... des troupeaux de vigognes et d’alpagas en veux-tu en voilà…

... la plus haute forêt du monde, la raison d’être du parc (mais c'est pas franchement impressionnant !)...

… et surtout 3 volcans dépassant les 6 000 m, avec le Sajama à 6 542 m, le plus haut sommet de Bolivie…

… et bien sûr le Parinacota à 6 340 m, celui qu’on est venu vaincre ! C’est celui de gauche (à droite c’est le Pomerape, un peu moins haut).

Alors pourquoi celui-là et pas un autre ? En fait voilà, y’a un gars et sa copine qui ont fait aussi un tour du monde et qui ont tenu un blog vraiment super bien foutu avec pleins d’infos pratico-pratiques : Novomonde. Et dans ce blog, il relate entre autres son séjour dans le parc de Sajama où il vend clairement du rêve… et on peut vous dire que TOUS les Français qui étaient dans le parc avec nous étaient là car ils avaient lu son blog ! (le pouvoir d’internet !). Il raconte notamment son ascension du Parinacota qui s’est très bien passée, sans difficulté technique ni matériel particulier, avec Mario Perez un guide local du village qui prend beaucoup moins cher qu’en passant par les agences de La Paz (1000 Bs / 132€ pour le transport en 4x4 jusqu’au camp de base à 5 100 m + 500 Bs / 66€ pour un seul guide ou 900 / 118€ pour 2. Prix fixe et on peut être jusqu’à 4 dans le 4x4. Location de chaussures, bâtons, crampons, pantalons, gants = 25 Bs / 3€30 par article).

 

Du coup, on débarque chez Mario Perez qui a quelques chambres dans des sortes de maisons de hobbits (30 Bs / 4€ par personne après négociation, pour des chambres matrimoniales avec salle d’eau privée). 

Sa femme Anna fait des petits déj de la mort qui tue pour seulement 10 Bs / 1€30 avec café, chocolat chaud (au lait en poudre maternisé !), pains (rassis mais c’est comme ça en Bolivie de toute manière…), confiture, beurre (végétal bien sûr), œuf, fruits, céréales (des sortes de smack de kellogs tout mous !), yaourt liquide… et aussi des diners pour 15 Bs / 2€ par personne (copieux) avec soupe aux pâtes ou au riz ou au patates, puis plat de résistance avec pâtes-patates ou patates-riz ou pâtes-riz ! Accompagnés d’un peu d’alpaga sec ou de lama… ! Bref c’est comme ça partout en Bolivie, franchement c’est le pays pour nous le plus mauvais en gastronomie qu’on ait fait ! Mais Anna y met vraiment du sien pour vous rendre ça moins pénible qu'ailleurs !

 

On n’oublie pas qu’on a un 6 000 à monter et du coup, avec l’aide de Mario, on se concocte un petit programme d’acclimatation qu’on vous présente en photos !

Mais comme pour notre premier jour au parc, c’est déjà la fin de l’après-midi, on se contente d’un petit 300 m de dénivelé en 40 min pour aller au mirador de Montecielo et avoir une vue sur le parc au coucher du soleil.

J-3, le dimanche 28, les choses sérieuses commencent : 850 m de dénivelé pour atteindre un « petit » sommet à 5 100 m d’altitude… sauf que comme toutes les montagnes ici sont issues de l’activité volcanique, la montée est rendue plus ardue car tout se fait dans une semoule et poussière volcanique… !

 

Et comme on a réussi à trouver 2 autres gars motivés pour faire l’ascension du Parinacota, on les entraîne par conséquent dans notre programme d’acclimatation avec nous… On a nommé David, le Breton expatrié en Martinique plus habitué à une température minimale de 20°C et acclimaté à + 1m au-dessus du niveau de la mer sur son voilier ! Vous remarquerez plus tard qu'il est loin d'avoir oublié sa Bretagne car il se balade avec un Gwen ha Du !

Et Cédric, un gars rencontré à Salta en Argentine, qui pour s’acclimater fume à 4 200 et dispose en terme d’équipement de haute montagne d’un pantalon à ventilation intégrée (comprenez par là qu’il est déchiré du pubis jusqu’au périnée !).

Une fine équipe quoi !

 

Alors pour cette première marche, on traverse leur fameuse forêt la plus haute du monde à plus de 4 300 m d’altitude… puis on arrive après 2h30 de marche au sommet. Cédric nous rejoint 30 min plus tard et David 1h30 après… avec un léger mal de crâne … Nous on pète le feu, on a monté sans problème, on voit que notre entrainement à Takesi paye !

J-2, lundi, on prévoit d’aller jusqu’à la lagune Khasiri située à plus de 4 800 m d’altitude avec pas loin de 30 kms aller-retour. On part vers 8h20 tous les 4, plus Laetitia qui nous rejoint pour l’occasion. On passe dans 2 petites épiceries pour acheter de quoi faire notre pique-nique… mais les seuls trucs salés qu’on trouve c’est des boites de sardines à la tomate et un paquet de crackers… ! mouais ça fera l’affaire… de toute manière y’a rien de mieux ici, y’a même pas de pain !

 

Cédric achète des œufs aussi car au bout d’1h30 de marche on arrive au niveau de geysers avec des trous d’eau bouillante relâchant des fumées de souffre, dans lesquels il s’est donné comme mission de se faire des œufs durs …. A l’aide d’une chaussette et d’une corde. 

30 min plus tard et un œuf en moins (sur 2 ça n’en fait plus beaucoup !), on repart direction la lagune qu’on atteint à 13h. On passe la frontière avec le Chili car elle se situe côté chilien. Y’a un vent à écorner les bœufs. On s’abrite derrière des rochers pour pique-niquer… Cédric mange son œuf pas complétement dur !

Le retour est pénible car on voit au loin le village de Sajama qui ne se rapproche pas… c’est long long long… Et avec ce vent qui nous repeint de poussière, Marie attrape un rhume et un mal de gorge…

 

 

J-1 : après ces 2 grosses journées de marche, le troisième jour est consacré au farniente. On se dit qu’un petit tour aux sources d’eaux chaudes nous ferait le plus grand bien… Alors on se motive à faire les 6 – 7 kms de piste plate à pied pour y aller (30 Bs / 4€ l'entrée négociée à 20 / 2€60)

Le soir est consacré à l’essayage du matériel… ah oui parce que sur le site Novomonde, le gars disait qu’il n’avait pas eu besoin de matériel pour monter le Parinacota, ce qui nous avait bien attiré à le faire, mais c’était sans compter qu’il l’a fait en septembre, la période où il y a le moins de neige au parc. Mais nous en juin-juillet c’est pas la même ! Et non, nous on a besoin de chaussures d’alpinistes et de crampons ! Car Mario nous prévient qu’il y aura de la neige mais surtout des pénitents… oh purée…

 

On check nos pantalons, pulls, goretex, gants… il prévoit une température de -15 à – 20°C … !

 

Mario nous fait le topo : demain on part à 3h du mat’ pour rejoindre en 1h30 de 4x4 le camp de base du Parinacota à 5 100 m d’altitude. A 4h30 on débute la montée qui durera 8h au max pour faire un peu plus de 1 200 m de dénivelé positif et atteindre le sommet à 6 340 m vers midi ! Rien que ça !

 

On avale notre repas du soir et au lit à 21h.

 

 

Le 1er juillet c’est le grand jour ! Lever 2h du mat’. Marie a un bon mal de gorge… mais tant pis, après s’être tant préparée et tant caillée les miches, elle ne veut pas rater ça !

 

On prend un bon gros petit déj qu’Anna nous a préparé (trop gentille cette Anna !), puis on s’équipe. On est tous couvert comme des brutes. Pour notre part, tous nos vêtements ou presque y sont passés ! A titre d’exemple, pour Marie ça donnait : legging en laine merinos + ses 2 pantalons de rando + un pantalon gore-tex loué pour l’occasion + ses 3 paires de chaussettes dont une en laine + ses 2 sous-pull en laine merinos + ses 2 polaires + sa veste gore-tex (auxquels viendra s’ajouter une doudoune en duvet au cours de la montée !) + une paire de gants de ski prêtée + une cagoule damart de moto + son bonnet andin !

 

On prend nos sacs remplis d’eau et de snacks, nos bâtons et c’est parti. Grosse ambiance dans le 4x4, on est chaud bouillant, ça fait bien rire Mario et Aurélio, son beau-père qui sera notre 2ème guide (on tenait absolument à partir avec 2 guides, des fois qu’une partie du groupe ait besoin de redescendre…).

 

Comme c’était prévisible, on démarre notre ascension un peu à la bourre vers 4h50. 

Ça commence pépère, on allume les frontales mais la lune éclaire vachement. Il n’y a pas un pète de vent, on le sent bien à ce stade ! Jusqu’au col à 5 250 m qui relie les 2 volcans jumeaux (Parinacota et Pomerape), la pente est douce et on marche à petite allure, notamment car Mario ne veut pas nous cramer dès le démarrage et d’autant plus que David ressent des petits vertiges.

 

On attaque ensuite le flanc du volcan où la pente s’accentue. Il n’y a encore pas de neige et ce jusqu’à 5 500 – 5 600, moment où on s’arrête pour profiter du lever de soleil après 2 heures de marche dans la semoule volcanique.

Puis vient la neige, fin plutôt la glace vu les températures ! Avec le vent, ça forme des pénitents, des genres de pics de glaces, un peu comme une meringue sur une tarte au citron mais en beaucoup moins sympa ! 

Le groupe a trouvé son rythme, David n’a plus de vertiges mais un léger mal de crâne qui s’installe, on lui dépanne donc un doliprane. Pour nous, pour l’instant tout va bien, on a même tendance à accélérer avec Mario, laissant Cédric et David aux mains d’Aurélio un peu en contrebas. On se retrouve au moment des pauses assez fréquentes vu la tronche de la pente !

Vers 5 800 m les choses se compliquent… Cédric débute un MAM (mal aigu des montagnes) : mal de tête et nausées, il déambule plus qu’il ne marche… mais il s’accroche comme nous tous. D’ailleurs à ce stade, on voit apparaître le sommet, ça nous motive… même si Mario nous casse un peu la baraque en nous disant qu’il y en a encore pour 4h de marche !

 

Autre problème de taille pour Marie, seule fille du groupe, la pause pipi ! Y’a plus un caillou pour se cacher, elle doit donc pisser en plein milieu après s’être épluchée comme un oignon, pendant que les autres regardent tous ensemble à l’opposé face au vent (car oui punaise le vent s’est levé et pas qu’un peu !) Ça valait certainement une photo mais on a eu la décence de ne pas la faire !

 

On évolue en lacets dans les pénitents pas à pas à une allure de tortue rhumatisante. A partir de cette altitude on sent qu’on a vraiment franchi un cap au niveau du manque d’air par rapport aux randos qu’on a déjà eu l’occasion de faire jusqu’à 5 400.

 

Vers les 6 100 m, la pente devenant encore plus raide, on chausse tous les crampons et c’est au tour de Marie de faire son petit MAM ! Elle a un mal de crâne qui s’immisce, des vertiges à chaque pas, on dirait qu’elle est bourrée tout comme Cédric ! La respiration lui manque plus que la normale. Elle se refroidit brutalement, les 2 gentils guides accourent pour lui donner une doudoune supplémentaire et Thomas lui file ses gants bien chauds, la nourrit et la fait boire. On lui redonne un semblant de motivation pour continuer en lui pointant le sommet et lui disant qu’il ne reste plus tant que ça à grimper… Elle avance à un rythme plus que ralenti : on passe de la tortue rhumatisante à l’escargot arthritique ! Ses vertiges deviennent de plus en plus importants, c’est un vrai zombie. Elle manque de tomber à plusieurs reprises, Thomas assurant ses arrières … Mario lui demande souvent si elle veut être encordée par sécurité mais elle refuse. Puis finalement, peu avant le sommet, Thomas lui impose de se faire encorder pour être rassuré. Heureusement car elle chute plusieurs fois… Elle craque, elle pleure… Mario l’encourageant sans cesse par des « Vamos Marie ! La cumbre esta cerca ! »…

 

Du côté des autres, David a toujours mal au crâne et se bat au mental pour y arriver… Tandis que Cédric erre en contrebas avec l’allure proche d’un fêtard frisant le coma éthylique ! Il n’y a que Tom (et bien sûr les guides) qui se sent bien, portant assistance sans cesse à sa Marie.

 

Et finalement à 12h30 précises, après 7h40 d’ascension (disons musclée et dans une certaine mesure pathétique), on atteint le bord du cratère (fin Cédric l’a même pas vu tellement il était à l’ouest !). 

Là directement Mario prévient : « il ne faut pas rester traîner à cette altitude à cause du mal des montagnes ». Tu m’étonnes, vu la tronche des gaziers ! Tom assure la séance photo ! Marie est hagarde, elle ne sait plus où elle habite mais arrive à trouver la force de regarder vers l’objectif…

 

Puis son mal de crâne s’intensifie, elle se recroqueville sur elle-même, elle n’en finit pas de pleurer… Mais le plus dur était encore à venir… !

 

On entame la descente très rapidement. Et c’est parti pour plus de 3h de galère…. Avec leur mal de tête et leurs nausées, Cédric et Marie n’arrêtent pas de tomber comme des poupées de chiffon, Cédric déchire même son futal à plusieurs reprises en y plantant ses crampons ! Mario ne cesse de retenir Marie avec la corde… A bout de force et de nerfs, elle a l’impression qu’elle n’arrivera pas à descendre, qu’elle va rester crever là… son mal de tête est au summum, c’est comme si elle se tapait la tête contre les rochers… elle ne peut plus avancer… Tom la nourrit, la fait boire et a très peur pour elle… elle est dans un état pas possible… il pense à la faire évacuer, mais c’est sans compter que bien sûr dans le parc, il n’y a pas d’hélicoptère ! Y’a pas le choix, faut à tout prix qu’elle descende. Et Mario de nous répéter que contre le mal des montagnes, le seul truc à faire c’est de descendre le plus vite possible…

 

Marie et Cédric prennent une dernière fois sur eux et continuent de descendre en se tapant gamelle sur gamelle… Et enfin vers 5 500 m, on décramponne car on est de retour dans la semoule volcanique. Le mal de crâne de Marie s’estompe progressivement… jusqu’à arriver au 4x4 vers 16h, soit après 11h d’expédition !

 

Mario nous reconduit à Sajama 1 000 m plus bas, et ayé plus de problème de MAM pour personne ! Incroyable vu l’état dans lequel Marie et cédric était 2h avant… On peut en rigoler maintenant mais on a eu une peur bleue ! C’était vraiment folklo ! Une vraie équipée de bras cassés !

 

Et pour vous dire comment tout le monde a retrouvé ses esprits : on s’est même chiqué une petite bière le soir pour fêter ça et les 45 ans de David !!!

 

J + 1 : repos des guerriers ! Fin on s’est quand même tapé 2 ou 3h de lessive à la main dans de l’eau glacée, car tout y est passé ou presque, y compris les bonnets, gants, sacs, godasses… Et nous aussi on est lessivé ! Le mal de gorge de Marie a explosé, on croirait Bonnie Tyler !

 

Malgré toutes ces épreuves autant physiques que morales (pour supporter la monotonie des repas !), on a passé un superbe moment dans ce parc chez Mario, Anna et leur petite fille Nicole, des gens vraiment adorables qu’on recommande chaudement. Ce fut pour nous sans conteste notre meilleur moment en Bolivie, et un des meilleurs de notre tour du monde !

 

D’ailleurs si vous souhaitez contacter Mario PEREZ, tél : 73727956 (et Anna : 74017189). Sinon quand vous arrivez vous n’avez qu’à demander après eux, vu la taille du village tout le monde se connaît là-bas ! 

 

Demain, changement d’horizon, direction le Lac Titicaca.

 

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