Marie & Thomas
Nuqui : bienvenue dans l’Afro-Colombie (du 11 au 15 août 2015)
N’ayant aucun guide de voyage pour la Colombie (les Lonely Planet pour ce pays se font rares), on avait callé notre itinéraire approximativement selon les infos qu’un certain Matéo, backpacker qui était resté 4 mois et demi en Colombie, nous avait données. Ainsi il nous avait parlé d’un coin retiré dans le Choco accessible uniquement par avion (coucou) ou en bateau, où le touriste se fait rare. Il s’agit de Nuqui.
Y’a peu de touristes pour 2 raisons : cette région est difficile d’accès et est black listée car il y a des narcotrafiquants dans la jungle mais pas sur le littoral.
Du coup, nous voici dans un coucou à 10 passagers pour environ 1h de vol au-dessus de la jungle. L’atterrissage à Nuqui est assez olé olé vu l’état de la piste rafistolée de partout, avec une tour de contrôle à l’abandon, et une bonne pluie tropicale… On sort de l’avion, il fait chaud et humide, bien étouffant… Les maisons sont en bois sur pilotis, y’a pas de route mais que des pistes boueuses… et surtout ils sont tous noirs ! Mais noirs noirs !
Déjà que l’arrivée en Colombie avait laissé Marie stupéfaite car elle ne s’attendait pas à voir un métissage d’origine africaine aussi important chez les Colombiens (ça change complétement du reste de l’Amérique Latine), mais alors là en arrivant à Nuqui, on se croirait vraiment en Afrique ! On trouve cela amusant jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’ils parlent espagnol avec un accent africain… et là pour nous avec notre niveau de « survie » en espagnol, c’est carrément compliqué ! On n’y comprend que dalle !
Notre objectif est d’aller au village de Termales de Nuqui. Pour cela on sait qu’il faut prendre une barque ou lancha qui ne part qu’à 13h30 (25 000 pesos chacun / 7€75). Or il est 10h30, donc y’a plus qu’à attendre 3h en faisant le tour de Nuqui (qui est très rapide !) et en mangeant un repas typique d’ici : sudado de pescado (c’est-à-dire sorte de soupe de lait de coco et de curry dans laquelle trempe un bout de poisson) accompagné de riz bien sûr, sans oublier les patacons (galettes de bananes vertes écrasées et frites).
A propos, petite parenthèse : la plupart des gens pense que c’est en Asie qu’on mange le plus de riz… pour notre part on n’en a jamais autant mangé qu’en Amérique Latine entre la Bolivie, le Pérou et la Colombie !
A 13h30, on embarque donc et c’est parti pour 1h30 pendant lesquelles on longe la côte composée de plages de sable noir, de cocotiers, et tout de suite derrière de jungle inextricable… Çà et là, quelques rassemblements de cahutes qui sont apparemment des villages dans lesquels on dépose quelques passagers de notre barque.
Vers 15h on arrive donc à destination au village de Termales de Nuqui, 200 âmes qui vivent principalement de la pêche, de quelques parcelles vivrières et du tourisme, logeant dans des cabanes en bois le long de la plage avec de l’électricité seulement de 18h à 22h, et bien sûr pas d’internet ! Autant vous dire que le tour du village est vite fait !
On nous conduit chez Gabriela et Paulino qui ont une guest-house… Et c’est le hic… Nous, on s’était imaginé des bungalows assez rustiques certes mais indépendants au bord de la plage, avec hamac, à la mode thaïlandaise, avec un ptit resto bouiboui pas loin où on irait se caler pour siroter des cocktails… Finalement on découvre très vite que ce ne sera pas tout à fait ça ! En fait y'a 4 posadas dans le village, qui sont comme des chambres d’hôtes chez l’habitant… fin quand on dit « chambre d’hôtes », tout de suite on a l’impression que c’est un truc classe… nan nan, là l’intimité n’est assurée que par une cloison en bois ajourée, et on peut se parler depuis n’importe quelle pièce de la maison sans problème !
Bon c’est pas mortel, on a déjà logé dans de conditions 10 fois pires qu’ici, mais c’est vrai qu’on se voyait plutôt en mode bungalow/hamac/cocktail à la main pour finir notre TDM ! On noircit un peu le tableau mais ça reste quand même un super spot : y’a quasiment pas un pécore (pour la carte postale ça donne mer + plage + jungle), il fait beau et chaud, l’eau du Pacifique est bien chaude (On pense dans les 28-29°C, comme en Nouvelle-Calédonie) et y’a des petites vagues juste ce qu’il faut pour se marrer dedans (pour le surf par contre pas top, même si on nous a proposé d’en faire).
Pour les repas y’a pas à se prendre la tête : c’est soit jeûne, soit formule pension complète chez celui qui vous loge (70 000 pesos par personne chez Paulino et Gabriella / 21€70). Vous mangez donc local et c’est légèrement redondant comme repas : poisson / patacon / riz (des fois riz/poisson/patacon ou patacon/riz/poisson…). Et au petit déj, œufs et arepas (des galettes de farine de maïs, et on doit dire qu’ici elles sont plutôt pas mal en comparaison du reste du pays où on a l’impression de manger ses semelles).
Côté activités, c’est axé plages comme vous pouvez le deviner, mais pas que. On a été faire une balade dans la jungle (dite des 4 encanto) qui aboutit à une cascade où on peut se baigner (30 000 pesos par personne / 9€30). Alors la balade en soit est agréable, elle laisse l’occasion de voir des singes, des oiseaux, des fourmis découpeuses de feuilles et un serpent en ce qui nous concerne (et la curiosité du coin une fougère qui a tout d’une fausse), la baignade est sympa mais pour ça y’a aussi la mer juste en face, mais ce qui nous a motivé à la faire, c’est de découvrir les grenouilles « venimeuses ». Des jolies petites grenouilles bien flashy !
Y’a également des sources d’eau soufrée à proximité du pueblito (d’où le nom du village) où on a été glandé un peu pour changer de la glande sur le sable… (entrée 12 000 pesos / 3€70)
Et à cette époque de l’année, l‘attraction phare c’est la présence des baleines, qui viennent ici pour mettre bas. La sortie de 2h30-3h, Paulino nous la proposait à 250 000 pesos / 77€50 (prix pour la lancha = barque pourrie). Ça faisait un peu cher quand même, surtout à 2… Ah oui car quelque chose qu’on n’a pas encore dit, c’est qu’il y a une grande ressemblance entre les gens d’ici et les Kanak en Nouvelle-Calédonie : on a vraiment l’impression de devoir marcher le portefeuille ouvert, ils font payer assez cher pour des services qui souvent s’avèrent médiocres.
Bref, pour le coup on a été chanceux car on a croisé 2 touristes colombiennes que ça intéressait et qui avait un plan pour une lancha à 200 000 pesos, ce qui nous faisait 50 000 par personne / 15€50. Et on est bien content de ne pas avoir payé plus car la sortie ne cassait pas des briques. On a vu des baleines mais d’assez loin, des dauphins pas vraiment joueurs et le mec laissait une traîne derrière lui ce qui fait qu’il ne mettait pas beaucoup de gaz au moteur…. Alors c’était bien sûr marrant de le voir remonter un thon mais on n’était pas vraiment là pour ça…. En bonus, quelques oiseaux marins dont des pélicans quand même !
Après on a aussi manqué de chance, des gens nous ont dit avoir vu des baleines de très près… Mais on pense qu’en allant directement à Bahia Solano, un peu plus au Nord, les services touristiques sont plus développés et permettent d'en voir plus facilement (c’est LE spot de la côte colombienne).
Et sinon, vu qu’on est dans le village, on assiste bien sûr aux scènes de vie même s’il ne se passe pas grand-chose en dehors des sorties en mer pour la pêche ou les transports… Et ça démarre tôt la vie du village ! Ça a même un petit côté chiant car à 5h30 c’est déjà le branle-bas de combat ! C’est comme à l’armée : y’a pas grand-chose à faire mais ils se lèvent tôt pour le faire !
3-4 jours à se délasser donc ici, coupés du reste du monde… Et le 15 août au matin, on reprend une lancha dans le sens inverse direction Nuqui. Puis un petit coucou pour Medellin, qui s’est bien sûr pointé avec 1h ou 2h de retard mais bon….. c’est l’Afrique Tonton !