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A la rencontre des minorités ethniques dans les environs de Muang Khua

(du 20 au 23 novembre 2014)

 

Le 20 au petit matin (5h30) nous prenons un bus pour le Laos. On a cru ne jamais y arriver : le bus n’arrête pas de s’arrêter pour charger du matériel (riz, bidons, mobylettes, cartons en tout genre qui manquent de nous tomber sur la tête à chaque coup de patin un peu fort…). Résultat : au bout d’1h30, on a fait 12kms ! Finalement on arrive à la frontière vers les 8h. Premier check point vietnamien : impeccable pas grand monde. Puis entrée au Laos : les visas coûtent 30 $ pour chacun de nous mais il faut en plus lâcher 10 000 kips laotiens (1 €) à chacun des 2 douaniers en pourboires ! 2 autres français avec nous n’ont dû lâcher que 6 000 au premier douanier… vas savoir pourquoi… !

 

Ensuite, on attend 1h sans comprendre pourquoi (parce que comme d’hab y’en a pas un qui sait parler anglais) et finalement on ne passera au Laos que vers les 10h30. La route après la frontière vient d’être refaite et on arrive à Muang Khua à midi. Il aura fallu 6h30 pour faire 95 kms !

 

Muang Khua, petite ville de quelques milliers d’habitants, au confluent de la Nam Phak et de la Nam Ou. Très calme, beaucoup moins de circulation qu’au Vietnam, très paisible, des gens souriants, disant bonjour, une ambiance détendue = très bonne première impression, on sent qu’on va se plaire au Laos !

On se déniche une guest-house (Manotham Guesthouse) pour 50 000 kips la nuit sans petit déj (5€), en bord de Nam Phak, avec nune jolie vue sur la bourgade.

On fait la rencontre de Benjamin et d’Anna. Benjamin vient au Laos plusieurs mois par an depuis 3 ans et parle Lao, et sa sœur Anna l’a rejoint pour les vacances. Ils parlent de faire un trek dans les ethnies autour de Muang Khua. Nous on pensait en faire un plus au Nord vers Phongsali, mais d’après Benjamin c’est aussi possible ici et sans doute moins couru. Du coup on décide de partir tous les 4 sur 3 jours et 2 nuits avec un guide privé, M. Khamman. C’est assez onéreux (900 000 kips soit 90 € par personne), mais c’est apparemment la norme au Laos.

 

Contrairement à ses voisins, le pays est encore peu développé touristiquement et essaie de faire du « vrai » écotourisme en reversant une partie de l’argent à l’état et aux villages visités. Pour préserver les ethnies, seuls quelques villages par province sont autorisés à recevoir des touristes (nous sommes dans la province de Phongsali). Les guides ont besoin d’une autorisation à chaque fois qu’ils emmènent des touristes dans les villages. Et contrairement à d’autres pays, l’offre de trekking est limitée à des circuits proposés par l’office du tourisme et / ou un guide privé habilité à le faire.

 

 

Le 21, réveil en fanfare au sens propre : le gouvernement dans son infinie générosité offre un petit laïus à travers les hauts parleurs du village à 6h du mat comme quoi « ce sont les meilleurs et il faut aller travailler », puis musique  à fond les ballons pendant 1 quart d’heure ! On se prend un petit déj avec des bricoles achetées dans la rue dont des gaufres dénichées auprès d’une petite vieille trop bonnes (les gaufres, pas le veille !) et un vrai café Lao !

Puis à 10h on part tous les 4 + notre guide en camion jusqu’à un petit village à 30 min de Muang Khua  en remontant la Nam Phak.

Le temps que M.Khamman nous trouve une embarcation pour traverser la rivière, on visite un peu le village : ils ont des ruches folklos…. Et aussi des frelons asiatiques qui chassent les abeilles à leur sortie.

Première épreuve : traverser la rivière sur un radeau en bambou 1 à 1 ! Tous les gosses du village viennent nous voir, on a l’impression qu’ils attendent que l’un de nous tombe à l’eau !

Puis c’est parti pour une montée sur un sentier visiblement peu fréquenté, que notre guide doit ouvrir à la machette et s’est même alloué les services d’un autre local pour l’aider. C’est une jungle de bambous avec de temps en temps des plantations de manioc ou d’hévéas (caoutchouc).

Après un lunch frugal (œuf dur, bananes, clémentines, beignets de patates douces), on continue dans un sentier toujours aussi difficile. On tombe sur une petite ferme isolée tenue par 2 petits vieux qui cultivent principalement de l’ananas. Ils nous en découpent un trop bon ! Malheureusement on doit déguerpir assez vite car on se fait attaquer par des frelons asiatiques que notre guide tente de tuer à coups de rameaux ! 

On arrive vers 17h au village Khamu de ???. On est très vite entouré d’une horde de gamins qui se tiennent à bonne distance au début, intimidés puis qui se dérideront après 1h ou 2, notamment après que Benjamin leur ait parlé en lao. On est accueilli comme des rois dans la maison d’un des chefs du village (compte tenu de la taille du village, il y en a 3 élus tous les 3 ans). On est l’attraction du village : la dernière fois qu’il y a eu un touriste ici c’était il y a 2 ans. C’était un allemand qui après son passage dans le village a procuré des fonds à la croix rouge pour qu’ils apportent l’eau courante (= un tuyau de 5cm de diamètre tiré depuis une rivière à pétaouchnoc !). Depuis 2 ans, ils ont également une piste carrossable financée par le gouvernement, empruntée que par les locaux qui se tapaient auparavant entre 3 et 5h de marche pour rejoindre la route.

Avant souper, on se balade dans le village. Les hommes et les femmes rentrent des travaux des champs, ils sont actuellement en peine récolte du riz. Et ils font leurs ablutions au point d’eau du village en compagnie des poules et canards qui viennent y boire. Tom tente la douche froide. 

On trouve aussi un terrain de pétanque. Il faut dire qu’au Laos la petang (pétanque) est très répandue et on trouve des boulodromes même dans les coins les plus reculés (tu te rends compte Jean-Yves Pronost ?).

On a droit à un gros festin le soir. M. Khamman leur a demandé de tuer un canard pour nous. On le déguste avec du sticky rice : un riz gluant servi dans des paniers parterre avec lequel on fait des boulettes (de la main droite !) et que l’on trempe dans les différents plats. On mange en compagnie des hommes (les femmes mangent à l’écart), et on trinque au lao lao (alcool de riz assez costaud !). Le chef saoul comme un cochon crache dans sa maison et un peu dans nos godasses… mais ça ne choque personne ! De toute façon y’a aussi des chiens, des porcelets, des poules, des chats, dans la maison et on balance nos os et restes directement à même le sol !

On Vient le moment d’aller au lit. Pour nous, ce sera l’étage. C’est très spacieux mais le matelas est pourri et surtout surtout y’a une magnifique déco d’halloween qui a probablement nécessité des années de non-ménage ! La maison des horreurs en image :

Pour Marie, la nuit va être dure !

Au petit matin du second jour (fin c’est-à-dire que les coqs ont commencé leur cacophonie à 3h du mat !), on assiste à la cuisson et préparation du sticky rice par la femme du chef.

Puis petit déj et on fait nos adieux au village.

Sur la route on rencontre un chasseur. Ici, tout est chassé ou piégé : oiseaux, rats, porc-épics, serpents, cochons sauvages, marmottes, insectes… fin tout ce qui bouge quoi ! Et tout est mangé (peau, tête et pattes comprises)… sauf la merde !

Puis, on se rend dans les champs de riz du village où la récolte est en cours. Ici les rizières ne sont pas en terrasses car non irriguées, et le riz est semé directement après un brulis. Les variétés sont hautes, les épis arrivant à la taille. Traditionnellement les Khamu n’utilisent pas de faucilles pour faire leur moisson mais se contentent de cueillir le riz sur les épis. On s’y essaie. C’est assez confortable car on travaille à hauteur d’hommes (pas comme les échalotes !) mais au bout d’un mois de moisson ça doit bien latter les mains !

On poursuit ensuite notre randonnée pour arriver dans un 2ème village Khamu où seuls les enfants et petits vieux sont présents, à l’exception de quelques personnes en train de dépecer un veau.

Les enfants sont trop contents de se faire prendre en photo et se marrent en voyant leur tête.

Après cela, pique-nique au bord de la rivière en contre-bas qu’on abrège assez vite à cause de l’invasion d’insectes volants ou tout genre et de sangsues ! 

Puis pendant les 2h de marche qui ont suivi, on a vraiment compris d’où venait l’expression « être une sangsue » : il fallait s’arrêter tous les 50 m pour chasser celles qui grimpaient sur nos pompes, nos jambes avant qu’elles ne s’y accrochent et nous pompent notre sang. Heureusement, M. Khamman avait avec lui une sorte de louzou magique contenu dans un petit sac imbibé d’eau, qu’il suffisait d’approcher pour les faire décrocher instantanément.

 

Malgré des passages laborieux à la machette, on arrive un peu plus tôt que la vielle au village Khamu qui nous hébergera.

Il n’y a pas de place pour nous chez le chef, complet à cause du surplus de main d’œuvre pour la moisson. On loge donc dans une autre maison, qui est aussi l’échoppe et le bar du village. On ressent qu’ils ont moins de curiosité à notre égard comparé à hier, et pour cause, le dernier touriste date d’il y a 3 semaines… on est néanmoins très bien accueilli et on passe une bonne soirée à trinquer au lao lao avec les jeunes du village qui essaient de nous saouler… en vain ! Faut dire qu’on a encore mangé comme des ogres dont des petits oiseaux (piégés de la journée) broyés et épicés.

On teste aussi le lao hai, un vin de riz fermenté beaucoup plus sucré que le lao lao et moins fort, dans une jarre, qu’on boit à la paille.

Dans les ethnies, les hommes fument beaucoup (et parfois de l’opium) et les femmes mâchent continuellement du « bethel » qui est un mélange de feuilles, de racines et de poudre de carbonate de calcium. Après être mâchouillé, le tout donne une sorte de pâte rouge amère qui colore les dents et qui semble procurer une certaine addiction car presque toutes les femmes en mâchonnent. 

Le 23, troisième de trek, réveil à 4h avec les coqs. La bru du proprio se lève pour la préparation du sticky rice à laquelle on assiste en direct vu qu’on dort à 2m des fourneaux ! Cela lui prend quand même près de 2h ! Ensuite petit déj avec soupes de nouilles.

Puis randonnée de 4h vers les terres Akha, une autre ethnie du coin qui ne se mélange surtout pas avec les Khamu (sauf pour le commerce). Avant d’arriver à leur village, on traverse leurs champs. Ils cultivent du riz qu’ils récoltent d’une manière plus classique : ils fauchent les épis, les laissent sécher et les battent. Ils sont connus aussi pour cultiver de l’opium, ce qu’ils continuent de faire malgré l’interdiction gouvernementale. On aperçoit quelques champs au loin, mais les cultures viennent tout juste d’être implantées et seront récoltées en février.

Dans cette ethnie, il ne fait pas très bon d’être femme (c’était déjà pas très reluisant chez les khamu !) : elles font les travaux des champs, les corvées de bois, la bouffe… pendant que les hommes boivent du lao lao et fument de l’opium. Les femmes sont souvent seins nus et portent la coiffe traditionnelle qui diffère selon qu’elles soient mariées ou non.

Le village Akha semble plus sale, il n’y a pas de toilette et pas d’enclos pour les cochons.

 

On mange chez le chef une soupe de nouille pour changer !

Puis descente jusqu’à la rivière, traversée en canoé pour rejoindre la route où nous attend un camion qui nous ramène sur Muang Khua vers 15h.

 

 

On visite la ville sur la fin de l’après-midi avec son beau temple et ses nombreux potagers qui bordent la rivière. Et pour fêter notre retour à la « civilisation » on se paye une bière lao avec Benjamin, Anna et notre guide ! 

Demain direction Muang Ngoi par bateau.

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