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Lombok --> L'ascension du Mont Rinjani (du 25 au 27 septembre 2014)

 

 

25 au 27/09 : L’ascension du Mont Rinjani en 3 jours ou pas…

 

Alors comment dire… ce trek…c’est un truc de dingue !

 

Les Indonésiens seraient prêts à le vendre à un paraplégique en te disant « don’t worry, it’s easy, you’re strong and young ! » (alors pour les encore plus nuls que nous en anglais, ça veut dire « t’inquiète pas, c’est facile, t’es jeune, t’es fort… tu vas pouvoir le faire en marchant sur une main !») Mais 3 700 m de dénivelé positif, 3 200 m de dénivelé négatif, 6h de sommeil en 2 nuits, du riz, du riz et encore du riz… de la poussière, de la poussière et encore de la poussière… du vent … des tentes qui s’envolent, des thés aux larves de moustiques, des maux de bides… eh ben le Rinjani ce n’est pas une sinécure !

 

Comme on avait lu pas mal de forums de voyageurs et de blogs sur le Rinjani, on connaissait les principaux soucis qui pouvaient se présenter et évidemment chanceux comme on est, on les a tous cumulés… ! On vous raconte…

Donc on a pris le package 3 jours et 2 nuits. Voici la carte du parcours.

Le premier jour, départ 7h de Gili Trawangan dans un rafiot surchargé qui prend l’eau. Arrivée sur Lombok au port de Bangsal 30 min plus tard, puis 1h30 de voiture pour arriver à Senaru (600m d’altitude au pied du Rinjani) à 9h30.

Là on découvre que notre groupe est déjà parti depuis 1h30 (un grand classique !) et le problème c’est qu’il va falloir cavaler pour les rattraper ! Bilan des courses, on se tape 800 m de dénivelé à fond la caisse en 1h50.

 

Entrée du parc.

Un peu avant midi on rejoint notre groupe constitué de 3 suisses, 4 autrichiens, 5 porteurs et 1 « guide » à propos duquel il faut qu’on vous parle un peu plus…

 

Voici l’équipée des porteurs :

Et là on a droit à un lunch assez fourni ma foi : soupe de nouilles avec œuf, riz en accompagnement, bananes, ananas, melons et tasses de thé chaud… au fond desquelles on a pu découvrir à la fin de notre repas quelques larves de moustiques ! sympa !

Les singes et les chiens sauvages attendent patiemment nos restes (On en a quand même vu jusqu’à 3 000 m d’altitude !). Ben oui car comme partout en Indonésie, le parcours du Rinjani n’échappe pas à la règle : c’est une déchetterie à ciel ouvert ! Les porteurs et les guides laissent tous les déchets derrière eux. Sauf les bouteilles plastiques, pour lesquelles ils peuvent récupérer un peu d’argent !

Ensuite c’est reparti pour 1 200 m de montée à moitié en sous-bois puis sur les pentes calcinées du volcan (tout est brûlé sur des hectares et des hectares… mais comme les porteurs passent leur temps à fumer et à balancer leur clope n’importe où…. On n’est pas étonné) pour atteindre la ligne de crête de la caldera.

Petit instant géologie : une caldera c’est en quelque sorte un immense cirque rocheux qui persiste après l’explosion d’un volcan et le sommet du Gunung Rinjani correspond au point culminant de cette caldera au milieu de laquelle on retrouve un lac (comme au mont Batur) et un nouveau cône volcanique.

 

Cette montée a été assez éprouvante car la dernière heure de montée c’est carrément de l’escalade. Et c’est d’autant plus dur pour Thomas qui se tape un sac de 12-13 kilos sur le dos car vu tout ce qu’on avait pu lire sur les forums à propos des nuits froides et des duvets fournis plus que médiocres, on a préféré envoyer avec nous notre propre duvet et c’est bien sûr Thomas, l’homme fort, qui les porte… !

 

Pour nos porteurs ça a l’air d’être une partie de rigolade cette montée ! Ils nous doublent, on est scié ! Ils se tapent 35-40 kilos à porter, en tongs voire pieds nus pour certains, la clope au bec, sans boire d’eau ou très peu, et habillés avec des guenilles !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin, vers 16h on arrive en haut sur l’arrête de la caldera à 2 641m d’altitude. On aperçoit le lac avec le volcan en plein milieu et à gauche culmine dans les nuages le mont Rinjani à 3 726 m.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Là notre guide dit aux porteurs d’établir le campement pour la nuit, à flanc de montagne, en plein milieu de la rocaille. Tous les autres groupes font de même. Nos porteurs s’activent pour nous monter nos tentes et préparer la popote pour le soir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sans oublier la tente « pipi » ! Juste un trou dans le sol qu’il faut essayer de viser !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les campements sont plein de trous partout, traces de nos prédécesseurs ! Attention aux entorses !

 

On nous attribue une tente montée en pente bien sûr ! Whaou c’est une Lafuma ! Ben dis-donc on ne se moque pas de nous ! …. Ah en fait la fermeture éclair est pétée, et y’a que 4 pauvres sardines qui la tiennent accrochée au sol ! Bon on a droit à un fin matelas (on s’en doutait !) et à un sac de couchage pas très chaud… donc on est content d’avoir apporté les nôtres !

 

Les 5 porteurs et le guide se fabriquent à l’arrache une tente canadienne en se servant de bâches et des gros bambous qui leur servent à porter les affaires…. Ça donne ça :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et ils font s’entasser là-dedans à 6 sans matelas, sans sac de couchage, avec leurs guenilles !

 

Bon alors on ne se demande comment ils se débrouillent mais on est arrivé à 16h et ils ne nous donnent pas à manger avant 19h30 ! Sauf que le soleil est couché depuis 18h30 et que ça caille fortement… en plus le vent commence à se lever….

On finit par avoir un « fried rice » (du riz frit avec des légumes) et du thé chaud.

A 20h on est couché.

 

Et là vers 22h, un vent de fou se lève… et c’est parti pour une nuit de folie !!! Il fait super froid !!! La tente se tord dans tous les sens, le haut de la toile de tente nous arrive de temps en temps sur le nez ! On craint qu’elle ne s’envole avec ces 4 pauvres sardines pour la retenir … On va finir à poil ! Eh bien notre tente a tenu… mais pas pour tout le monde : le matin en faisant un tour dans le campement, certains ont perdu leur toile de tente qui s’est envolée et ont fini en moustiquaire, on vous raconte pas la tête qu’ils tiraient ! D’autres ont dû se lever dans la nuit et repiquer leur tente à la frontale avec des cailloux…

 

Superbe nuit ! très reposante, hein ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En plus de cela, c’est que c’est très poussiéreux les pentes du Rinjani et là le vent a tout soulevé, c’est passé sous la toile de tente, à travers la moustiquaire et voilà à quoi toutes nos affaires ressemblaient le matin !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 2ème jour commence. Le guide nous dit qu’avec un vent comme ça, s’il ne se calme pas, on ne tentera pas la montée au sommet qui est prévue le matin du 3ème jour….

 

Donc c’est reparti pour 2h de descente, fin plutôt d’escalade pour atteindre le lac situé 600 m plus bas.

Le Mont Rinjani est dégagé...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous y voilà.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite on a droit à 2h de trempette dans des sources d’eaux chaudes à proximité. Même si l’eau est pleine de souffre… ah ça fait du bien de faire trempette à 38-40°C !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Instant détente + lunch et c’est reparti pour 3h d’escalade pour remonter sur la crête 600 m plus haut et atteindre le campement de base pour l’ultime ascension du Rinjani le lendemain.

On souffre énormément pendant ces 3h de grimpettes, les 2 heures de grimpettes à fond la caisse la veille pour rattraper notre groupe nous restent dans les jambes, je commence à avoir des ampoules et Thomas se sent un peu fébrile…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bon finalement on arrive au camp de base situé à 2 639 m vers 15h30. Le sommet du Rinjani se situe 1 100 m plus haut.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le vent s’est calmé… pourvu que ça reste comme ça cette nuit pour qu’on puisse tenter l’ascension finale à 3h du mat demain.

Etablissement du campement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et encore une fois, on mange après tous les autres groupes dans le froid à 19h…

 

Là notre guide nous dit que demain c’est lever 2h du mat, quelques gâteaux + thé et départ pour l’ascension finale qui doit se faire en 3h normalement pour atteindre le sommet vers 6h et assister au lever du soleil. Puis 2 h de descente pour retourner jusqu’au campement où on aura un petit déj plus copieux à 8h et puis on enchainera avec 5h de descente (1 500 m de dénivelé) et atteindre Sembulan, point d’arrivée du trek. C’est-à-dire que demain on va se taper 1 100 m de dénivelé positif et 2 600 m de dénivelé négatif !!! Et grosso modo le guide me fait comprendre que moi avec mon gabarit d’huître c’est peut-être mieux que je ne tente pas le sommet ! Nan mais oh ! Pour qui il me prend celui-là ! Mais bon il me fout les boules quand même… et je commence à hésiter… mais nan je le tente quand même ! En plus Thomas sera là pour m’épauler physiquement et psychologiquement, voire même me pousser…. Donc ça va le faire !!

 

Bon au lit à 19h.

 

Troisième jour : réveil 2h. Là, je vois que Thomas a l’air mal. Je le touche, il est brûlant de fièvre. Il a mal à la tête et tousse. Il prend sa température : 39,5 °C !! Il hésite longtemps…. Mais finalement, il ne trouve pas ça prudent de se tenter le sommet dans cet état, sachant surtout qu’il restera ensuite 5 h de descente à suivre (1 500m de dénivelé) avec son sac de 12 kilos ! Il est tellement déçu !

 

Et pour moi tout s’effondre… qu’est-ce que je fais ? J’y vais ? Sans mon thomas, sans mon mentor qui était censé me soutenir, me tirer, me hisser jusqu’en haut s’il le fallait ?! Purée on en a tellement bavé pour arriver jusqu’ici… on est dégueulasse, on tousse de la poussière sans arrêt, on en a partout, on est crevé, on a mal partout, on a à peu près tous l’estomac défoncé avec leur bouffe avariée (ben oui parce que vous imaginez bien que transporter pendant 3 jours des cuisses de poulet et des œufs en plein cagnard c’est pas ce qui se fait de mieux en terme d’hygiène alimentaire… !). Avec tous ces sacrifices, c’est pas possible qu’on ne le fasse pas …. !

 

Finalement, je décide d’essayer (mais sans grand espoir d’y arriver) et l’âme en peine je laisse mon Toto dans la tente au camp de base…. Je m’équipe : sous-vêtements techniques en laine mérinos (collant et sous pull anti-odeur et anti-bactérien que tu peux garder 3 semaines sans laver apparemment !), pantalon, chaussettes anti-ampoules, les chaussures de rando bien-sûr, polaire, veste gore-tex, un T-shirt autour de ma tête pour couvrir mon nez contre la poussière, ma deuxième paire de chaussettes de rando sales en guise de gants, et lampe frontale. Encore moi je me trouvais bien équipée, si vous aviez vu certains en petites baskettes, en pantalon en toile, en sweat, sans gants…

 

Du coup notre groupe part à 3h du mat en file indienne. Nuit noire et on voit déjà tout un alignement de petites lumières au-dessus de nous… on est 150 – 200 à le tenter. Et tous les autres groupes sont déjà partis depuis 30min !

 

Alors en fait l’ascension finale du Rinjani c’est d’abord comme les dunes du Pilat mais sur 400 m de dénivelé pendant la première heure, c’est-à-dire que c’est de la semoule volcanique et que quand tu fais un pas en avant et bien tu redescends d’autant en glissant ! Pendant la seconde heure c’est une crête, tu marches sur une arrête qui ne fait pas plus d’un mètre de large par endroit et des 2 côtés c’est le vide ! Avec un vent latéral en prime ! Heureusement qu’il faisait nuit, comme ça je ne voyais pas le fond… Et la dernière heure c’est à nouveau de la semoule volcanique sur 500 m de dénivelé et là c’est avec beaucoup moins d’oxygène car on arrive vers 3200m d’altitude.

 

Partie dernière du groupe, je dépasse finalement tout le monde la première heure dans la semoule, j’essaye mais en vain de retrouver notre guide qui comme d’habitude en a rien à faire et est parti devant à fond la caisse ! Bon je me sens un peu seule… mais finalement je retrouve dans le noir un gars suisse de mon groupe avec qui je vais faire la montée et un petit porteur en tongs, en T-shirt (il faisait quand même en-dessous de 0 °C) qui ne nous a pas lâchés d’une semelle mais qui ne parlait pas un mot d’anglais !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur le chemin de crête, des gens essayaient de récupérer à l’abri du vent…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est surtout la dernière heure de montée dans la semoule qui a été éprouvante !! T’as l’impression de ne pas avancer, c’est horrible car tu glisses sans cesse. En plus tu sens que tu commences à avoir quelques difficultés pour respirer. Alors je pensais à Tom et à notre ormeau… et je continuais à avancer malgré tout…

 

Eh ben à 5h45, le cœur gros mais soulagée je suis arrivée au sommet à 3 726 m dans les 15 premiers ! Je l’ai fait ! I did it !!! En plus en 2h30 ! Je me demande encore comment j’ai pu faire cela !

Et bien sûr lever du soleil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite la descente, ça a été très vite car ça glissait énormément donc je me suis mise en mode « ski » et j’ai tout descendu en dérapage. Par contre que de poussière !!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai dévalé les 1 100 m de dénivelé en 1h30 pour rejoindre mon Thomas qui m’attendait au camp. Je suis arrivée la première au camp. Thomas était là encore tout fiévreux…

 

Photo de notre groupe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On est reparti du camp pour la descente finale vers 10h. On nous a filé des masques pour se protéger de la poussière qui ont été forts utiles ! 2 premières heures de descente à pique dans une poussière atroce… nos genoux, nos cuisses, nos mollets nous maudissaient… et les porteurs et le guide qui descendaient en courant…. On n’avançait plus qu’au mental… et Thomas avec ses 39 de fièvre, son mal de tête, sa toux, son sac de 12 kilos… oh le pauvre ! Mais on avait qu’une idée en tête c’était « arriver ».

 

Au bout de 5 h de descente, on a fini par arriver à Sembulan, dégueulasses de poussière !!!

Heureux et épuisés d’avoir terminé !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et de là on nous a envoyés à Kuta Lombok (au sud de Lombok, Sembulan est au Nord) où on est arrivé à 21h le soir. Thomas était toujours à 39,5….

 

 

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