Marie & Thomas
Lifou ou « casse pas la tête » ou « t’as le bonjour de PAM »
(du 4 au 15 mars 2015)
Départ de l’aérodrome de Magenta à Nouméa à 15h30 après avoir rendu la voiture de loc’. Comme on était limité à 12kg en soute et 3kg en cabine, on n’a pas pu prendre quoi que ce soit à manger avec nous ! Faut dire que notre super matelas gonflable de 4kg nous bouffe de la place et du poids ! Le plan, c’était d’aller en stop jusque la tribu de Siloam au Nord-Ouest de l’île pour retrouver un Kanak qu’on avait croisé sur la Grande Terre. On avait pris ensemble l’apéro devant un creek en crue, et il nous avait dit qu’on pouvait venir camper chez lui.
Alors on a effectivement réussi à le retrouver, mais il semblait avoir oublié sa promesse (il était un peu cuit aussi la dernière fois… !). Bon c’est pas grave, on atterrit dans la tribu d’à côté (Easo) au camping/gîte « chez Benoît Bonua » (pas très sympa au passage) vers les 18h un peu avant la nuit (1 500 CFP/12€50 l’emplacement de la tente et 2 personnes). On a l’embarras du choix pour l’emplacement de la tente, il n’y a personne ! Bon là, on est quand même bien à l’arrache : pas de bonbonne de gaz pour le réchaud car interdit dans l’avion (même en soute) et juste 2 paquets de pâtes instantanées et un paquet de BN qu’on avait acheté rapidos à la supérette de la sortie de l’aérodrome !
On se retrouve donc à faire du feu avec du bois mouillé pour faire bouillir de l’eau pour nos pâtes ! On commence le mode « Robinson », qu’on ne quittera pas pendant nos 10 jours sur Lifou puisqu’il n’y pas une seule bonbonne de gaz sur l’île !!
Le lendemain, direction « Chez Alice » en stop, le seul magasin d’alimentation du Nord de l’île en dehors de la supérette de l’aérodrome (l’île est quand même plus grande que la Martinique !!). Les prix nous font halluciner ! Déjà que sur le Caillou ils sont bien plus élevés qu’en métropole, mais alors ici ça atteint des sommets ! Un exemple au hasard : le gros pot de Nutella à 13€50, mais aussi des bananes locales à 800 CFP/kg soit 6€65 ! On nous avait dit que la vie en Nouvelle-Calédonie était chère, ben effectivement, et même plus que ce à quoi on s’attendait….
Sinon, petite info pour les backpackers petit budget : le stop marche super bien sur l’île. Même s’il n’y a quasiment personne sur les routes, les voitures s’arrêtent systématiquement ou presque ! Bon c’est souvent dans la benne du pick-up entre les canettes de bière vides mais bon….
Et ensuite, on profite de la plage qui est à nos pieds avec Jérôme, un Pallois en vacances : baignade, snorkeling jusqu’au tombant où on voit nos premiers requins calédoniens ! 2 pointes blanches d’1m50 environ.
Le site est aussi réputé pour ses tortues. Du ponton, on en voit passer plein, tous les jours. Ca gêne parfois un peu les pêcheurs...
Et le soir, barbecue sur la plage : des merguez, ça faisait longtemps !
A Easo, il y a souvent des paquebots de croisière qui viennent mouiller une journée, remplis d’Australiens friqués. Les Mélanésiens se font une joie de les accueillir pour les soulager de quelques dollars bien extorqués, à coup par exemple de noix de coco à 3$ alors qu’il n’y a qu’à se baisser sur la plage pour en ramasser par paquets de 10 !! Nous on en profite pour assister à une danse tribale organisée pour eux.
Et l’après-midi, snorkeling dans la baie de Jinek, dit l’aquarium naturel. Et on comprend vite pourquoi, il y a des ensembles de coraux de toutes les formes et de toutes les couleurs, et idem pour les poissons ! On hallucine sur tout ce qu’on peut voir ici dans seulement 3m d’eau, dans plein d’autres endroits il n’y a qu’en plongée qu’on peut voir ça !
Ce qui fait moins rêver, c’est qu’on se prend des averses tous les jours…. Depuis notre arrivée le 23 février, pas une seule journée sans flotte ! Heureusement il y a aussi de belles éclaircies et il fait très chaud. Petit exemple de changement de paysage à la baie de Jinek entre pluie et beau temps, depuis le point de vue de la chapelle Notre Dame de Lourdes.
On se fait aussi une sortie de 2 plongées avec le seul club de l’île basé à Easo (12 000 CFP soit 100€ les 2 plongées + 2 000 CFP/16€60 de location de matos). Très beaux sites de plongées, des gorgones et des coraux dans tous les sens qui vont jusqu’à former des canyons ! Le décor est vraiment chouette. Côté poissons, pas grand-chose exceptés un requin pointe blanche et un requin gris dans le grand bleu pendant qu’on faisait notre palier. Marie était bien planquée derrière le guide !
Par contre niveau sécurité, pas top : on était 7 dans la palanquée + le guide, ce qui fait que dans les passages étroits où on était à la queue leu leu, il y avait parfois 50 m entre le guide et le dernier plongeur !! En plus, pas de vérif du matos avant la mise à l’eau, des blocs pas gonflés… Du beau n’importe quoi en somme.
Le soir, cassoulet cuit directement dans sa conserve au feu de bois : ça donne envie ça !
Après ces quelques journées à Easo, on décolle le 8 mars pour aller à Jokin dans le Nord. On est dimanche, il n’y a pas grand monde sur la route et on a l’impression qu’on va devoir se farcir la route à pied, quand un couple passe ! On leur demande de nous déposer à Mucaweng sur la route, à la vanilleraie des Bolé qu’on souhaite visiter. A la place, ils nous emmènent chez leur tonton qui a aussi une vanilleraie. On ne se voit pas refuser mais c’est une belle arnaque car le tonton nous envoie juste derrière sa case voir 3 plants de vanille et nous dit « c’est 300 CFP/2€50, merci, au revoir ! ».
Ensuite, le même couple nous amène jusqu’au gîte de Faré falaise à Jokin (2 000 CFP/16€60 l’emplacement avec 2 personnes). Le site est canon, on plante notre tente dans le jardin au bord de la falaise de 40m qui surplombe la baie de Jokin, son eau turquoise et ses patates de coraux !
Il pleut bien ce jour-là, dommage, mais on fait quand même un peu de snorkeling au pied des falaises. Encore un requin pointe blanche au programme ! Ayé Marie commence à s’y habituer !
Le soir, pâtes instantanées au feu de bois, on a vraiment l’impression d’être des clodos ! Mais bon, on a un budget à tenir !
Le jour suivant, on déménage pour le Sud de l’île car on nous a vendu la plage de Luengöni comme étant la plus belle de Lifou. Muriel et Jonathan, un couple bien sympa qui loge aussi à Faré falaise, nous propose de nous déposer à Wé, à mi-chemin. On accepte volontiers, on fait des courses ensemble à Wé et on va pique-niquer ensuite à 4 sur la plage de Wé. Ensuite, poursuite jusque Luengöni en stop. On atterrit chez Jeanne Forest (1 200 CFP/€), en bordure de plage. C’est une petite dame pas très causante mais assez sympa, elle nous laisse utiliser sa cuisine (grand luxe !).
Et en ce qui concerne la plage, c’est vrai qu’elle envoie du lourd ! On la classe dans le top 3 des plus belles qu’on ait vues (Kerlouan reste N°1 évidemment !) : une eau turquoise, un sable blanc tellement fin qu’on dirait du talc, une eau à 29°C, et y a pas un chat ! Le rêve !
Le lendemain, on réserve une excursion pour visiter les grottes de Luengöni avec Bella Patel, la proprio du gîte voisin (1 365 CFP/personne soit 11€35). Les grottes sont immergées, il y a 1 ou 2 endroits où on peut plonger pour ressortir plus loin, c’est le fun comme dirait les Québecois. Nager dans une eau limpide au milieu des stalactites avec juste une petite lampe comme éclairage, ça a quelque chose de magique et ça nous donne bien envie de tester la plongée bouteille en grotte un de ces 4 !
En plus on a retrouvé Muriel et Jonathan, qui avaient prévu de plonger aujourd’hui mais la météo en a décidé autrement ! Ils nous reprennent avec eux dans leur voiture de loc’ et on va se refaire un petit pique-nique sur une baie mignonnig comme tout, la baie de Wadra.
On pousse ensuite jusque la pointe Sud de l’île, aux falaises de Xodre. On demande la permission à un Kanak pour aller jusqu’aux falaises et on va faire notre petit tour.
Et au retour, un autre Kanak nous interpelle. C’est apparemment le propriétaire du terrain (Pierre), et il nous dit que c’est privé et qu’il nous faut payer 1 000 CFP/8€30 pour nous 4 ! De manière pas sympa du tout ! Ce gars à moitié éméché nous rackette pour pouvoir se racheter un autre pack de bière ! C’est abusé, surtout qu’on avait eu la permission d’y aller avec un autre gars… ça nous agace d’autant plus qu’on vient de faire 6 mois d’Asie où l’entubage du touriste est le sport national… ! On a donc envie de lui rentrer dedans à ce Pierre, mais sur les conseils de Murielle et Jonathan qui nous disent que les kanaks sont très susceptibles et deviennent agressifs rapidement, on cède à son racket !
Et c’est pas fini ! La veille, on avait réservé un Bougna, plat traditionnel kanak à base de tubercules, chez Bella Patel pour le diner. Quand on se pointe à 19h, on apprend que y’a un changement de menu : en fait ce sera pas bougna mais poisson... bon on est un peu déçu mais tant pis. Sauf qu’en plus on ne sera pas 4 comme annoncé mais 10… et c’est là que le bât blesse ! car le poisson y’en a toujours que pour 4 !
Donc on vous raconte pas comment on crevait la dalle en sortant là, surtout que c’est pas le dessert qui a sauvé la mise (un fond de jus de passion avec 3 rondelles de bananes)… pour la modique somme de 2360 CFP chacun (soit presque 20€) ! Eh ben on était content de se coucher pour oublier cette journée… disons pas terrible. Y’a pas à dire l’accueil Kanak ça vend du rêve !
Après avoir profité pleinement une journée de plus de la plage et de nos boîtes de conserves (menu du jour : pâtes instantanées + bolo à midi et soupe+ pain + vache qui rit le soir !), on décide de redéménager vers le nord à Jokin pour refaire du snorkeling et se rapprocher de l’aérodrome … et oui le départ approche… et PAM aussi mais ça on ne le sait pas encore !
Mais avant de partir de chez Jeanne Forest, encore un petit entubage (pour vous dire vraiment comment l’accueil kanak envoie du lourd !) : le propriétaire nous annonce qu’il faut lui payer un supplément de 100 CFP par jour pour avoir eu le droit de se mettre à l’abri de la pluie sous le faré (abri ouvert aux 4 vents avec des feuilles de cocotiers comme toiture !) et 100 CFP de plus pour l’usage de la gazinière !
Arrivés à Jokin, on plante la tente, et on retrouve Murielle et Jonathan avec qui on « take the apero » face au coucher de soleil. Ensuite eux mangent au gîte le repas préparé par les proprio et nous… budget oblige, on se retrouve dans le « coin cuisine aménagé » (oui oui je vous jure c’est comme qu’ils appellent ça les Kanaks !) …
…avec un excellent un riz + thon à la tomate, sous notre bout de tôle qui a dû mal à nous préserver de la pluie horizontale vu le zef qu’on commence à se payer !
Le lendemain, sacré vendredi 13 ! Déjà le matin les Birkenstocks (tongs) de Tom pètent ! Punaise, c’est les seules godasses qu’on a pour les îles… et vu la tête des magasins boui-boui sur Lifou, si on les répare pas, Tom finira pieds nus… donc direction Wé pour acheter de la glue… Bref ça nous occupe une bonne partie de la journée cette histoire.
Le vent a forci pas mal depuis ce matin et on commence à sérieusement se demander si on aura bien notre vol demain à midi … Murielle et Jonathan (qui ont le même vol que nous) passe plusieurs coups de fil à Air Calédonie qui leur assure que tout va bien dans le meilleur des mondes ! Et devinez quoi ? à 17h, on apprend par Air Calédonie que notre vol est annulé ! Et là, Louise, la propriétaire du gîte/camping, de nous dire : « ben c’est normal on est en pré-alerte cyclonique ! Ils l’ont dit à la télé ! » Mais purée t’aurais pas nous prévenir ?! On est en tente dans ton jardin des fois que t’aurais pas remarqué !
Mais bon « pré alerte » ça veut normalement dire : cyclone dans les 48h, donc on est large ! On part donc en stop manger le crabe des cocotiers (spécialités des îles, crabes qui se nourrissent de noix de coco). Les gens qui nous prennent nous informent qu’en fait on est en alerte 1 et qu’on passera en alerte 2 (cyclone dans les 6h, interdiction de sortir de chez soi !) à 3h du mat’ ! Ah quand même ! Bon on ne se laisse pas démonter, on est encore large (un peu moins) pour déguster ce crabe tant convoité…
On ne sera d’ailleurs pas dérangé pendant le repas… vu que y’a pas un pécore dans le resto… faut dire qu’on sent que y’a quelque chose qui se trame avec des bonnes petites rafales à un bon 100-120kms/h pour l’instant et des bonnes draches… mais ça en tant que breton, ça va… ça nous remplace l’hiver qu’on aura pas vu cette année !
A la fin du repas, on demande si quelqu’un du staff du resto rentre sur Jokin ? Nan personne. Ben tant pis, on est parti pour 6kms à pied avec nos frontales ! Ce qui fait halluciner la serveuse qui nous regarde partir avec des billes ! Punaise c’est vrai que ça souffle, mais c’est marrant il fait super chaud … et cette balade nous permet de rencontrer des crabes de coco (vivants) sur la route.
Arrivés au gîte, on va voir Georges le proprio : « euh, apparemment, on a entendu dire qu’on passait en alerte 2 cette nuit à 3h, et comme on est en tente, vaudrait peut-être mieux qu’on déménage dans une case, nan ? ». Et lui de répondre : « Naaaaaannnn, t’inquiète, casse pas la tête, ils n’annoncent pas plus de 140 cette nuit, c’est mieux ta tente. Dans la case, y’a toutes les saletés du toit qui vont vous tomber dessus avec le vent »… On check la case, effectivement elle est dégueu, donc on arrime un peu mieux la tente, et c’est parti pour une nuit de folie !
C’est sûr ça a bien secoué, on n’a pas beaucoup fermé l’œil et surtout on a prié pour que la tente reste étanche avec les 200mm d’eau tombés dans la nuit !
Le samedi 14, on se dit que c’est foutu pour quitter Lifou aujourd’hui, y’a un vent à écorner les bœufs, le cyclone a un peu de retard, le pic est prévu à 14h avec des rafales à 170 environ. On se résigne à déplanter la tente pour la journée et à regarder la pluie tomber et le vent souffler. Ca n'empêche pas les Kanaks de célébrer leur fête de l'igname et de se bourrer la gueule sous le faré, fac e au vent !!
On est surpris de la rapidité avec laquelle le vent faiblit et le temps s’améliore en fin de journée après le passage du pic. Il ne souffle plus qu’à 80-100 à l’heure et on a droit à un superbe coucher de soleil qu’on admire avec nos 2 compagnons d’infortune (Murielle et Jonathan).
Le lendemain, départ pour l’aérodrome vers les 10h. Les vols du matin sont annulés et ceux de l’après-midi sont tous pleins. On doit donc s’inscrire sur une liste d’attente et attendre la fin de chaque enregistrement pour espérer qu’il reste des places libres…. Pas de place pour les vols de 12h30 et de 14h30, mais on parvient à se placer sur celui de 17h, ouf !!
Arrivés sur le Caillou, on espère pouvoir se réenregistrer pour partir dans la foulée à l’île des pins, mais le sac de Tom a été débarqué sur Lifou… (problème de surpoids dans l’avion !). On attendra donc jusque 20h30 le vol suivant en provenance de Lifou pour le récupérer ! Et on ne partira finalement que le lendemain pour l’île des pins !! On est gentiment hébergé pour la nuit chez Véronique, une femme rencontrée à l’aéroport de Lifou et avec qui on a été à la plage entre 2 attentes…